*[[:fr:Trajan]] --> [[Traiano]]
==== LaPrincipato fin des Flaviens ====
==== Annessione dell'Arabia Petrea ====
[[Domiziano]] si rivelò ben presto imprevedibile come quando, nel 95, mise a morte il cugino, [[Tito Flavio Clemente (console 95)|Tito Flavio Clemente]].<ref name="Petit126"/> Persino i membri della famiglia imperiale non si sentirono più al sicuro. La paura di così tante persone portò inevitabilmente ad una nuova congiura, che ebbe luogo il 18 settembre del [[96]], e che portò all'assassinio di Domiziano.<ref name="Petit126"/><ref>{{cita|Bennett 1997|pp. 33-35}}.</ref> È difficile sapere in quale misura furono coinvolti i senatori, poiché la congiura fu condotta direttamente da persone vicine allo stesso imperatore, tra cui alcuni dei suoi liberti e probabilmente la stessa moglie, [[Domizia Longina]], con il supporto, attivo o meno, dei due [[prefetto del pretorio|prefetti del pretorio]]. La morte di Domiziano mise fine alla [[dinastia dei Flavi]].<ref name=A1 group=e/>{{,}}<ref name=A3/>.
En [[106]], alors qu'il mène campagne en Dacie, Trajan ordonne au [[gouverneur romain|gouverneur impérial]] de [[Siria (provincia romana)|Siria]], [[Aulo Cornelio Palma Frontoniano]], d'annexer le [[Nabatei|regno nabateo di Petra]],<ref name="Dione69,14">{{cita|Cassio Dione|LXIX, 14}}.</ref> sans doute après la mort du roi [[Rabbel II]].<ref>{{cita|Sartre 1997|p. 38}}.</ref> Ce royaume est alors l'un des derniers territoires protégés par Rome mais non intégrés à l'Empire, avec l'État client d'[[Osroene]] autour d'[[Edessa (Mesopotamia)|Edessa]], quelques territoires dans le Caucase et le cas épineux du [[regno d'Armenia]].<ref>{{cita|Sartre 1997|pp. 29 e 37}}.</ref>.
Il n'y a apparemment aucun combat, mais l'annexion fait peut-être suite à une campagne militaire à la tête des légions de Syrie et d'Égypte commencée en [[105]] qui n'a, semble-t-il, rencontrée aucune résistance.<ref group=m name=Martin/><ref group=s name=MS38/> [[Cassio Dione Cocceiano]]<ref name="Dione69,14"/> e [[Ammiano Marcellino]],<ref>{{cita|Ammiano Marcellino|XIV, 8,13}}.</ref> qui écrivent respectivement près d'un siècle et plus de deux siècles après les faits, indiquent que la conquête du royaume s'est faite avec résistance. Toutefois, les pièces de monnaie contemporaines frappées à la suite de l'annexion parlent d'une acquisition (''Arabia adquisita'': l'Arabia sottomessa}}), et non d'une conquête militaire. De plus, ''[[Arabicus]]'' n'a pas été ajouté à la titulature impériale de Trajan, ce qui semble indiquer qu'il s'agit donc d'une annexion pacifique.<ref name=Hol155>Dominique Hollard, ''Revue numismatique'', 2004, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/numi_0484-8942_2004_num_6_160_2556 « Le monnayage de la Legio III Cyrenaica frappé à Bostra sous Antonin le Pieux », p. 155].</ref><ref name=Bla231/>.
==== Le règne de Nerva ====
[[File:Nerva Tivoli Massimo.jpg|thumb|left|upright|alt=Buste d'un homme assez âgé, sans barbe, aux cheveux courts mais abondants ; des rides apparaissent autour de la bouche et sur le menton.|Buste de l’empereur [[Nerva]] ([[96]] - [[98]]).]]
Cette annexion permet de renforcer la frontière orientale de l’Empire en vue d'une [[Guerre parthique de Trajan|campagne contre les Parthes]], de rendre sûre la liaison commerciale entre l'[[Période romaine de l'Égypte|Égypte]], la [[Judée (provincia romana)|Judée]] et la Siria<ref group=m name=Martin>J.-P. Martin, {{opcit}}, p. 237.</ref> et de mettre fin au monopole des bédouins caravaniers comme intermédiaires sur le commerce de la mer Rouge.<ref>{{cita|Petit 1974|pp. 217-218}}.</ref><ref>{{de}} R. E. Brunnow et A. Von Ddomszewski, ''Die Provinz Arabien'', 3 vol., 1904-1909.</ref>{{,}}<ref>{{en}} Y. Yadin, « The Nabatean Kingdom, Pronvincia Arabia, Petra and En-Geddi in the Documents from Nahal-Hever », Jaarb. Voor-Aziat., Egypt. Gezelschap (Leyde), 17, 1963, 227-241.</ref>. Trajan fait de [[Bosra]] la capitale de la nouvelle [[Arabie (provincia romana)|province impériale d'Arabie Pétrée]] (''provincia Arabia''), qui est créée le [[22 mars]] [[106]]<ref name=Hol155/>{{,}}<ref group=s name=MS38/> et formée du royaume conquis et de la [[Décapole (Proche-Orient)|décapole]] déjà romaine.
===== Un nouvel empereur fragilisé =====
En septembre [[96]], c’est un sénateur qui monte sur le trône : [[Nerva]], 65 ans, le ''{{lang|la|[[princeps senatus]]}}'', qui a une carrière sénatoriale exemplaire et paraît l'antithèse de Domiziano<ref group=m name=JPM229>J.-P. Martin, {{opcit}}, {{p.}}229.</ref>. En dépit de ses réalisations politiques, son règne révèle de nombreuses faiblesses typiques d’un règne de transition<ref name=JDG>{{en}} John D. Grainger, ''Nerva and the Roman succession crisis of AD 96–99'', Londres, 2003.</ref>{{,}}<ref name="Petit163-164">{{cita|Petit 1974|pp. 163-164}}.</ref> La question de la succession demeure alors ouverte mais une guerre civile marquant la fin de la dynastie des Flaviens est évitée, contrairement à ce qui s'est passé la fin de la [[Julio-Claudiens|dynastie Julio-claudienne]]<ref group=m name=JPM229/>.
Probablement pour l'annexion du royaume nabatéen<ref name=Bla231/>, Cornelius Palma est honoré des ornements triomphaux<ref name=Bla231/>{{,}}<ref group=i name=CIL_CP>{{CIL|6|1386|R=}}.</ref> et, de son vivant, d'une statue<ref group=a name=DC69_16>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://www.mediterranees.net/histoire_romaine/dion/Trajan.html livre 69 (Nerva et Trajan), 16].</ref> de bronze dans le [[forum d'Auguste]]<ref name=Bla231>Adrien Blanchet, ''Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres'', 1944, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1944_num_88_2_77751 « La figure de l'Arabie », p.231].</ref>{{,}}<ref group=i name=CIL_CP/>, à l'instar de [[Quintus Sosius Senecio]], pour son rôle décisif dans les [[guerres daciques de Trajan|guerres daciques]], et de [[Lucius Publilius Celsus]]<ref group=a name=DC69_16/>, pour des raisons inconnues.
Nerva n’a pas d’enfant et, compte tenu de son âge, il est certain qu’il ne compte pas démarrer une nouvelle dynastie. Il ne doit son règne qu’aux conspirateurs qui ont assassiné Domiziano bien qu’il ne soit probablement pas l’un des leurs<ref group=a>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre65.htm livre LXV], 15, 5.</ref>. Nerva n’est pas aussi populaire auprès des soldats que l’était Domiziano<ref group=a>[[Suétone]], ''[[Vie des douze Césars]]'', Vie de Domiziano, 23.</ref>{{,}}<ref group=m name=JPM229/>. Il n’a jamais, durant sa carrière, commandé de légion ni même, ''a priori'', gouverné une province,<ref name="Petit34">{{cita|Petit 1974|p. 34}}.</ref> et il n'a donc pas le renom militaire nécessaire aux yeux de l'armée<ref group=m name=JPM229/>. De plus, le Sénat n’accepte pas le nouvel empereur sans controverse<ref name=JDG/><ref>{{cita|Bennett 1997|pp. 35-36}}.</ref> Le mécontentement de l’armée et de la [[garde prétorienne]] et le faible soutien du [[Sénat de l'Empire romain|Sénat]] rendent la position de Nerva fragile. Un complot contre lui est mis au jour dès le début de l'année 97.<ref>{{cita|Bennett 1997|pp. 41-42}}.</ref> En [[Pannonie]], le philosophe [[Dion de Pruse]] calme un début de révolte.<ref name="Petit164">{{cita|Petit 1974|p. 164}}.</ref> En [[Germanie supérieure]], des mouvements hostiles ont lieu, des camps incendiés, une légion dissoute, mais Traiano, gouverneur de la province, rétablit l'ordre au nom du nouvel empereur<ref group=m name=JPM229/>.
Environ un an après son accession au pouvoir, [[Nerva]] rappelle [[Casperius Aelianus]], ancien préfet du prétoire sous Domiziano encore très populaire parmi les prétoriens<ref>Léon Homo, ''Journal des savants'', 1938, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jds_0021-8103_1938_num_5_1_3002 L'Empire libéral du {{s-|II|e}}, de Nerva à Commode (96-192 après J.C), {{p.}}212].</ref>. Il avait occupé ce poste jusque vers [[94]] avant de se retirer ou d'être victime d'une disgrâce. C’est un choix malheureux pour l'empereur. Aelianus réclame avec ses soldats la tête des assassins de Domiziano et assiège le palais impérial pour capturer les responsables de la mort du dernier des [[Flaviens]], qui n'ont pas été condamnés par le nouvel empereur. Il réussit à faire exécuter les meurtriers, dont certains officiers prétoriens, malgré l'opposition de l'empereur, affaiblissant la position de Nerva<ref group=a name=DC3>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre68.htm livre LXVIII], 3.</ref>. L'empereur est même forcé de prononcer un discours public de remerciement pour cette initiative<ref name="Bennett42">{{cita|Bennett 1997|p. 42}}.</ref>
[[File:Germania Superior SPQR.png|thumb|right|upright|La [[Germanie supérieure]] dans l'[[Empire romain]].]]
C’est à ce moment que commence la véritable lutte pour le pouvoir. Au Sénat, des factions apparaissent qui souhaitent que Nerva désigne un successeur. Une première soutient [[Marcus Cornelius Nigrinus]], général de Domiziano très décoré et [[gouverneur romain|gouverneur]] de [[Syrie (provincia romana)|Syrie]], ce qui le place à la tête de l’armée la plus puissante d’Orient<ref group=d>F. Des Boscs-Plateaux, {{opcit}}, {{pp.}}297-298.</ref>. Une deuxième incline en faveur de Traiano, qui occupe alors le poste de [[gouverneur romain|gouverneur impérial]] de [[Germanie supérieure]]. Il s’agit peut-être d’éviter une usurpation de Nigrinius, qui peut paraître imminente, car trois légions et de nombreuses unités auxiliaires sont stationnées en Germanie supérieure sous les ordres de Traiano, soit environ {{unité|35000|hommes}}<ref group=n>Werner Eck, « Der Weg zum Kaisertum » dans A. Nünnerich-Asmus, {{opcit}}, {{pp.}}7–20, ici {{p.}}15.</ref>. Le gouverneur de cette région, plus proche de l’Italie, pourrait utiliser cette grande armée contre l’empereur en place ou pour assurer sa protection.
Dans la confusion de la fin d'année 97, alors que les deux factions se livrent à une lutte apparente, Traiano reste dans sa province. Parmi ses soutiens, on trouve notamment les sénateurs [[Lucius Iulius Ursus Servianus]], [[Lucius Licinius Sura]], [[Cnaeus Domitius Curvius|Cnaeus Domitius Curvius Tullus]], [[Frontin|Sextus Iulius Frontinus]] et [[Titus Vestricius Spurinna (consul)|Titus Vestricius Spurinna]].<ref group=d name=BP299>F. Des Boscs-Plateaux, {{opcit}}, {{p.}}299.</ref><ref group=n name=WE16>Werner Eck, « Der Weg zum Kaisertum » dans A. Nünnerich-Asmus, {{pp.}}7–20, ici {{p.}}16.</ref><ref name="Petit165">{{cita|Petit 1974|p. 165}}.</ref>
[[File:Coin Trajan MBA Lyon.jpg|thumb|left|upright|alt=pièce de monnaie en métal gris, présentant un jeune homme de profil aux cheveux ceints d'une couronne de laurier, entouré d'inscriptions.|Monnaie de Traiano : IMP CAES NERVA TRAIAN AUG GERM PM, [[Musée des beaux-arts de Lyon]].]]
===== Traiano proclamé {{citation|César}} =====
Nerva prend les devants, monte au [[Capitole]], et [[Adoption en droit romain|adopte]] alors solennellement Traiano le [[28 octobre]] [[97]]<ref group=m name=JPM229/> en ces termes selon [[Dion Cassius]] : {{citation|Puisse la chose être heureuse et favorable pour le Sénat et le Peuple romain, ainsi que pour moi-même ! J'adopte ''{{lang|la|Marcus Ulpius Nerva Traianus}}''}}<ref name="DC3" group="a" />{{,}}<ref name="JB42" group="b" />. Il est probable que cette décision soit celle de Nerva seul, mais il est possible qu'il ait été guidé dans son choix par [[Lucius Licinius Sura]], qui encourage Traiano à s'emparer du pouvoir impérial pour éviter une crise<ref group=b name=JB47>J. Bennett, {{opcit}}, {{p.}}47.</ref>. De plus, [[Marcus Cornelius Nigrinus|Cornelius Nigrinus]] est lui issu d'une famille indigène hispanique, équestre, et qui ne possède pas le prestige de celle de Traiano, dû notamment aux mérites du père de ce dernier<ref group=d>F. Des Boscs-Plateaux, {{opcit}}, {{pp.}}298-299.</ref>.
En octobre 97, ce dernier reçoit la nouvelle lui apprenant qu’il est adopté et de fait associé au pouvoir, de sorte que toute opposition à Nerva s’efface. Les prétoriens se souviennent aussi des [[année des quatre empereurs|événements de 69]] et savent qu'ils ne peuvent affronter avec succès les légions. Pris de court, ils doivent s'incliner.<ref name="Petit165"/> Traiano est reconnu comme successeur de Nerva, le Sénat ratifie en accordant à Traiano le titolo de {{citation|[[César (titolo)|César]]}}, la [[puissance tribunicienne]] et l’''{{lang|la|[[imperium|imperium maius]]}}'', ainsi que le [[consul (Rome antique)|consulat]] éponyme pour l'an [[98]]. Traiano prend le surnom de ''{{lang|la|Germanicus}}''.<ref name="Petit164"/> L’année 98 commence donc avec le consulat conjoint de Traiano et Nerva. Il est probable que Traiano n'ait jamais rencontré Nerva, et les sources historiques n'indiquent pas s'il y eut dans le passé une rencontre entre les deux hommes, mais il est certain que durant le règne de Nerva, que Traiano ne viendra jamais le rejoindre à Rome, car il resta en Germanie.
Quand la nouvelle de la mort de l’empereur Nerva se répand le [[28 janvier]] [[98]], Traiano est à [[Cologne]]<ref group=a name=DC3/>{{,}}<ref group=b name=JB50>J. Bennett, {{opcit}}, {{p.}}50.</ref>. Ce serait Hadrien, son petit neveu et futur empereur, qui aurait été le premier à lui transmettre le message<ref group=a name=HA2>''[[Histoire Auguste]]'', [[:s:Vie d’Hadrien#II.|Vie d'Hadrien, 2]].</ref>.
Traiano, alors très populaire au sein de l’armée et apprécié de la majorité du Sénat<ref group=b name=JB50/>, continue d'écarter les adversaires de l’époque de Nerva. Nigrinius est épargné, son [[gouverneur romain|gouvernorat]] en [[Syrie (provincia romana)|Syrie]] lui a été néanmoins retiré de sorte qu’il perd tout soutien de l’armée, et ce dès l'adoption de Traiano fin [[97]]. Il se retire dans sa région natale, en Hispanie, pour y finir ses jours<ref group=d>F. Des Boscs-Plateaux, {{opcit}}, {{p.}}297.</ref>. Traiano fait mander le préfet du prétoire [[Casperius Aelianus]] sur le Rhin, et ce dernier est soit exécuté, soit forcé de se retirer<ref group=a name=DC5>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre68.htm livre LXVIII], 5.</ref>.
=== Le principat de Traiano ===
==== Ses premières années de règne ====
===== Son inspection des frontières septentrionales =====
Traiano fait en sorte que [[Nerva]] soit [[Apothéose|divinisé]] sur décision du [[Sénat de l'Empire romain|Sénat]]<ref group=b name=JB90>J. Bennett, {{opcit}}, {{p.}}90.</ref>. Il fait porter ses restes dans le [[mausolée d'Auguste]]<ref group=a>Pseudo-[[Aurelius Victor]], ''[[Épitomé de Caesaribus]]'', [[:s:Epitome de Caesaribus#XII. Cocceius Nerva.|12, 11]].</ref>.
Malgré la mort de son prédécesseur, Traiano demeure en Germanie et ne revient à Rome que près de deux ans plus tard. Une absence si longue du princeps à Rome est inhabituelle et chacun s’attend à une guerre imminente contre les Germains<ref group=a>[[Martial (poète)|Martial]], ''Épigrammes'', livre X, 6-7.</ref>. Traiano nomme pour lui succéder à la tête de la province de [[Germanie supérieure]] [[Lucius Iulius Ursus Servianus]]<ref group=d name=BP262>F. Des Boscs-Plateaux, {{opcit}}, {{p.}}262.</ref> et confie la [[Germanie inférieure]] à [[Lucius Licinius Sura]], deux hommes de confiance qui deviennent deux piliers du nouveau régime<ref group=d name=BP301>F. Des Boscs-Plateaux, {{opcit}}, {{p.}}301.</ref>.
[[File:Nr 1968 97.jpg|left|thumb|upright|alt=Buste vu en contre-plongée d'un homme portant une cuirasse ornée d'un soleil.|Portrait en buste cuirassé de Traiano, sculpture de bronze, [[Musée August Kestner]], [[Hanovre]].]]
Traiano passe l’année [[98]] en inspection le long du [[Rhin]] et du [[Danube]]. Les deux premières années de son règne lui servent à consolider la paix le long des frontières septentrionales de l’Empire. Le territoire frontalier est aménagé avec la construction de voies sur la rive droite du Rhin permettant le développement de ces provinces et l’agrandissement des zones de défense. Une voie reliant [[Mayence]] à [[Baden-Baden]] et [[Offenbourg]] sur le Rhin est achevée ainsi qu’une autre reliant Mayence, [[Cologne]] et [[Nimègue]]<ref name=KSb_158 group=k/>.
Durant l’hiver 98/99, Traiano inspecte les provinces danubiennes et prend des mesures pour élargir et consolider les défenses frontalières, poursuivant ainsi la politique de Domiziano. C’est à ce moment que débute la mise en place du ''{{lang|la|[[limes]]}}'' entre le [[Neckar]] et [[Odenwald]]. Cette mission d’inspection a permis à Traiano de s’assurer la fidélité des troupes frontalières et des provinciaux. Il a souvent été dit que le véritable but de ces déplacements est de préparer la [[guerres daciques de Traiano|guerre contre les Daces]]<ref group=k name=KSb_158>K. Strobel, {{opcit}}, 1984, {{pp.}}158 et suivantes.</ref> mais rien dans les sources antiques ne permet de le confirmer.
===== Son retour à Rome =====
À l’automne [[99]], Traiano revient à Rome.
Même si son absence de deux ans a servi à assurer la paix sur les frontières septentrionales et n’a pas été due à une guerre contre les Germains, le retour de Traiano est célébré comme pour une victoire<ref group=a>[[Pline le Jeune]], ''Panégyrique de Traiano'', 12.</ref>. Il a cependant lieu sans faste. Il s’installe à Rome modestement, sans démonstration de son pouvoir. Les sénateurs l’accueillent simplement par un baiser<ref group=b name=JB54>J. Bennett, {{opcit}}, {{p.}}54.</ref>.
En son absence en [[99]], [[Aulus Cornelius Palma Frontonianus]] et [[Quintus Sosius Senecio]] sont [[consul (Rome antique)|consuls]] éponymes, le deuxième étant un des plus proches conseillers de Traiano et une des figures publiques les plus en vue sous son règne. L'empereur a placé [[Sextus Attius Suburanus Aemilianus]] à la [[préfet du prétoire|préfecture du prétoire]]. Pour son retour, en [[100]], Traiano s'octroie le consulat aux côtés de [[Frontin|Sextus Iulius Frontinus]], qui atteint alors le consulat pour la troisième fois à l'instar de l’empereur lui-même.
===== Ses rapports avec le Sénat =====
Le règne de Traiano est pensé en contraste avec le règne de [[Domiziano]] et est marqué par une coopération et une bienveillance envers les sénateurs.<ref name="Petit166"/>
Dans ses premières lettres adressées au [[Sénat de l'Empire romain|Sénat]] depuis la Germanie, Traiano promet qu’aucun sénateur ne pourrait être exécuté sans procès devant la Curie<ref group=a name=DC5/>. L’une de ses premières mesures est d’annoncer, par l’intermédiaire des pièces de monnaie frappées dès le début de son règne, qu’il avait reçu son pouvoir du Sénat<ref group=g>G. Seelentag, {{opcit}}, 2004, {{p.}}82.</ref>{{,}}<ref>{{en}} Anthony R. Birley, « The Oath not to Put a Senator to Death », dans ''The Classical Review'', Band 76, 1962, {{pp.}}197–199.</ref>. Il fait revenir d'exil un grand nombre de sénateurs et chevaliers et leur rend leurs biens confisqués sous Domiziano, un processus commencé par Nerva. Contrairement à Domiziano, Traiano n’est jamais accusé de s’enrichir personnellement aux dépens des citoyens, notamment des sénateurs. Il n’use pas non plus de procès de lèse-majesté, même contre les sénateurs. Il confie des postes hauts-placés à des chevaliers et sénateurs qui se sont opposés à Domiziano<ref group=b name=JB52/>.
Traiano fait preuve de modération quand il décline une première fois le titolo de ''{{lang|la|[[Pater Patriae]]}}'' offert par le Sénat. Il ne l’accepte finalement qu’à l’automne [[98]]<ref group=b name=JB52>J. Bennett, {{opcit}}, {{p.}}52.</ref>. Il rompt également avec la pratique des [[Flaviens]] consistant à occuper de nombreuses fois le [[consul (Rome antique)|consulat]].<ref name="Petit166">{{cita|Petit 1974|p. 166}}.</ref> Durant son règne, il n'est consul que quatre fois, en [[100]], [[101]], [[103]] et [[112]], dont trois fois au début de son règne. Il n'hésite pas à octroyer le consulat éponyme à des sénateurs l'ayant déjà exercé à plusieurs reprises<ref group=k name=KS154>K. Strobel, {{opcit}}, 2010, {{p.}}154.</ref>{{,}}<ref group=n name=WE16/>, tels que [[Frontin|Sextus Iulius Frontinus]], consul pour la troisième fois en [[100]] et [[Lucius Licinius Sura]] en [[107]], et d'autres sénateurs atteignent le consulat pour la deuxième fois, en tant qu'éponyme sous son principat<ref group=N>Consulat éponyme pour leur deuxième ou troisième mandat : [[Quintus Articuleius Paetus]] en [[101]], [[Lucius Iulius Ursus Servianus]] en [[102]], [[Manius Laberius Maximus]] en [[103]], [[Sextus Attius Suburanus Aemilianus]] en [[104]], [[Tiberius Iulius Candidus Marius Celsus|Tiberius Iulius Candidus]] et [[Caius Antius Aulus Iulius Quadratus|Aulus Iulius Quadratus]] en [[105]], [[Quintus Sosius Senecio]] en [[107]], [[Aulus Cornelius Palma Frontonianus]] en [[109]] et [[Lucius Publilius Celsus]] en [[113]]. S'ajoutent à cela [[Lucius Iulius Ursus]], deuxième et troisième consulats ''{{lang|la|suffects}}'' en [[98]] et [[100]], [[Cnaeus Domitius Curvius|Cnaeus Domitius Tullus]] et [[Titus Vestricius Spurinna (consul)|Titus Vestricius Spurinna]] en [[98]] et [[Quintus Glitius Atilius Agricola]] en [[103]].</ref>.
Grâce à ces signes renforçant l’égalité apparente avec le Sénat, Traiano souligne la position idéologique au centre de l’État du Sénat et renforce sa propre position en tant que ''{{lang|la|primus inter pares}}''. Malgré tout, Pline, bien qu’impressionné de pouvoir désigner l’empereur comme {{citation|un des nôtres<ref group=a>[[Pline le Jeune]], ''Panégyrique de Traiano'', 2, 4.</ref>}}, reste lucide en écrivant : {{citation|le Prince n’est pas soumis aux lois, ce sont les lois qui lui sont subordonnées<ref group=a>[[Pline le Jeune]], ''Panégyrique de Traiano'', 65.</ref>}}.
[[File:Traianus denarius 105 90020184.jpg|left|thumb|upright=1|alt=pièce de monnaie ; d'un côté, un homme de profil ceint de laurier, et entouré d'inscriptions ; de l'autre, un homme sur un cheval au galop avec un second homme sous le cheval qui tend la main.|[[Sesterce]] de [[105]], avec Traiano à cheval terrassant un guerrier dace.]]
Depuis que Traiano a succédé à Nerva sans être son fils ou un descendant biologique, l’idée d’''{{lang|la|Optimus Princeps}}'' est apparue. La notion de choisir le meilleur parmi les candidats à la succession par le principe de l’[[Adoption en droit romain|adoption]] après consensus du Sénat se propage après coup notamment via [[Pline le Jeune]] et son ''Panégyrique de Traiano''<ref group=a name="Pl884">[[Pline le Jeune]], ''Panégyrique de Traiano'', 88, 4.</ref>{{,}}<ref group=r name=PR102>P. Le Roux, {{opcit}}, {{p.}}102.</ref>.
Malgré tout, la domination de Traiano sur le Sénat et son pouvoir réel demeurent inchangés. L’empereur seul assure la direction de l’Empire, comme le reconnaît justement [[Pline le Jeune]] : tout dépend de la volonté d’un seul homme.<ref group="a">[[Pline le Jeune]], ''[[Lettres (Pline)|Lettres]]'', III, 20, 12.</ref><ref name="Petit166"/>
Il plaît aussi au peuple de Rome, par des distributions généreuses puis par l'organisation de jeux et de triomphes magnifiques.<ref name="Petit166"/><ref group=r name=PR154>P. Le Roux, {{opcit}}, {{p.}}154.</ref>. [[Fronton (grammairien)|Fronton]] loue l'habilité de Traiano pour se gagner les faveurs des pauvres autant que des riches Romains par de grands spectacles publics<ref name=CHW>Charles Richard Whittaker, « Le pauvre » dans Andrea Giardina (dir.), ''L'homme romain'', Seuil, 2002, {{p.}}349.</ref>. Il plaît aussi aux provinciaux, passant pour l'un des leurs. Enfin, il renoue avec les philosophes longtemps brouillés avec les empereurs, tels que [[Néron]] ou les [[Flaviens]]. [[Dion de Pruse]] est notamment l'un de ses conseillers<ref name="Petit166"/><ref group=s>M. Sartre, {{opcit}}, {{p.}}134</ref>.
Cette politique représente un éloignement volontaire du règne de Domiziano, perçu comme tyrannique. Traiano est acclamé pour ces nouvelles dispositions mais également pour sa maîtrise des anciennes vertus<ref group=N>Ces anciennes vertus romaines sont ([[#KS|K. Strobel, ''op. cit.'', 2010]], {{pp.}}10 et 203) :
* ''virtus'' : {{citation|vertu, force morale, vaillance, courage}}, c'est la qualité que doit avoir l'homme, mélange d'énergie, de force morale et de courage.
* ''iustitia'' : {{citation|justice, équité}}, c'est force morale qui sous-tend le système légal, l'impartialité.
* ''pietas'' : {{citation|piété, esprit de justice, sentiment du devoir, fidélité}}, cela met une limite à la ''virtus'', au courage et à la valeur individuels.
* ''clementia'' : {{citation|clémence, humanité, bonté, générosité, indulgence}}, cela permet de modérer la ''justicia'', notamment dans la dureté dans les châtiments.
Les concepts clés de ces quatre vertus sont ([[#KS|K. Strobel, ''op. cit.'', 2010]], {{pp.}}10 et 203) :
* ''civilitas'' : {{citation|qualité de citoyen, être civilisé}}.
* ''humanitas'' : {{citation|humanité, ensemble de qualités humaines}}.
* ''moderatio'' : {{citation|modération, maîtrise de soi}}.
* ''comitas'' : {{citation|douceur, bonté, générosité}}.
* ''mansuetudo'' : {{citation|mansuétude, bienveillance}}.
* ''temperantia'' : {{citation|juste équilibre en tout}}.
Ces définitions proviennent du [[:wikt:Wiktionnaire:Page d’accueil|Wiktionnaire]] et du dictionnaire latin-français de {{lien web|url=prima-elementa.fr|titolo=prima-elementa.fr}}.</ref>. Avant le {{1er}} septembre [[100]], Traiano reçoit du Sénat et du peuple romain le titolo honorifique d’''{{lang|la|Optimus Princeps}}'', en référence à [[Jupiter (mythologie)|Jupiter]], dieu ''{{lang|la|Optimus Maximus}}'' et sage, alors que Domiziano se plaçait sous la protection de [[Minerve (mythologie)|Minerve]], déesse de la guerre<ref>{{ouvrage|auteur1=Jean-Marie Pailler|titolo=Précis d'histoire romaine|passage=128}}</ref>. Plus tard on le nomme {{citation|meilleur et plus noble des princes}}<ref group="k" name="KS203">K. Strobel, {{opcit}}, 2010, {{p.}}203.</ref>, titolo qui apparaît sur les pièces de monnaie à partir de [[103]]<ref group=k name=KS204>K. Strobel, {{opcit}}, 2010, {{p.}}204.</ref>.
==== Les guerres daciques ====
{{Vedi anche|Guerre daciche di Traiano|Rilievi della colonna Traiana}}
[[File:Trajans column from north.jpg|thumb|left|upright=0.4|alt=haute colonne blanche, droite et décorée d'une spirale, surmontée d'une petite plate-forme carrée où repose une statue d'homme.|La [[colonna Traiana]], érigée en [[113]] pour immortaliser les [[guerres daciques de Traiano|campagnes contre les Daces]].]]
===== Contexte historique =====
La paix signée par [[Domiziano]] avec [[Décébale]] en l'an [[89]] à la suite de la [[guerre dacique de Domiziano]], avec le versement de subsides et l'aide d'ingénieurs romains, est une situation humiliante pour l'Empire, tout comme la reconnaissance d'un seul et unique roi des Daces, qui permet l'union de tout un royaume à la frontière des provinces romaines. L’empereur Traiano a également besoin d’un succès militaire pour asseoir sa légitimité<ref group=k name=KS227>K. Strobel, {{opcit}}, 2010, {{p.}}227.</ref>.
L’occupation des montagnes de Dacie entraînerait la désorganisation et donc l’affaiblissement des peuples du bassin des [[Carpates]], ce qui permettrait un développement pacifique des provinces frontalières de [[Mésie]] et de [[Thrace]]. Les riches gisements en or et en divers minerais de la Dacie sont peut-être un argument supplémentaire incitant à la conquête de la région<ref group=a>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre68.htm livre LXVIII], 6, 1-2.</ref>. Mais cet aspect ne doit pas être surestimé<ref group=k name=KS227/> : il semble qu'il n'ait pas été le principal objectif de Traiano. Ce dernier estime d’abord comme son devoir de punir [[Décébale]], roi des Daces, qu’il tient pour responsable des résultats désastreux des [[Guerre daciche di Domiziano|campagne militari di Domiziano]] en [[85]] et [[86]]<ref group=b name=JB87>J. Bennett, {{opcit}}, {{p.}}87.</ref>{{,}}<ref group=a>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre68.htm livre LXVIII], 6, 1.</ref>.
===== La première guerre =====
[[File:CampagneDacieTrajan Carte101-102.png|thumb|right|upright=1.5|La [[guerres daciques de Traiano|première expédition de Traiano en Dacie]], en [[101]] et [[102]].]]
Le [[25 mars]] [[101]], Traiano quitte Rome à la tête de la [[garde prétorienne]], accompagné de son [[préfet du prétoire]] [[Tiberius Claudius Livianus]]<ref group=a name=DC9-2>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre68.htm livre LXVIII], 9, 2.</ref> ainsi que d’un certain nombre de compagnons parmi lesquels [[Lucius Licinius Sura]]<ref group=a name=DC9-2/>, [[Quintus Sosius Senecio]]<ref group=d name=BP301/>, [[Lusius Quietus]]<ref group=a name="DC83">[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre68.htm livre LXVIII], 8, 3.</ref>, [[Cnaeus Pompeius Longinus]]<ref group=b name=JB88>J. Bennett, {{opcit}}, {{p.}}88.</ref> et [[Hadrien|Publius Aelius Hadrianus]], et se dirige vers la province de [[Mésie|Mésie supérieure]]. Pour soutenir l’expédition, Traiano nomme de nouveaux gouverneurs dans les provinces limitrophes : [[Caius Cilnius Proculus]] en Mésie supérieure, [[Manius Laberius Maximus]] en Mésie inférieure et [[Lucius Iulius Ursus Servianus]] en [[Pannonie]]<ref group=b name=JB87-88>J. Bennet, {{opcit}}, {{pp.}}87-88.</ref>. Il réunit une armée composée des [[légion romaine|légions]] danubiennes ainsi que d’[[troupes auxiliaires|unités auxiliaires]] et de [[vexillation]]s d’autres légions. Au total, ce sont environ {{Unité|150000|hommes}} qui sont déployés par l’Empire, dont 75 à {{Unité|80000|[[légion romaine|légionnaires]]}} et 70 à {{Unité|75000|[[troupes auxiliaires|auxiliaires]]}}<ref>{{it}} Yann Le Bohec, ''L'esercito romano'', Rome, 1992, {{pp.}}34 et 45.</ref>{{,}}<ref group=b name=JB89>J. Bennett, {{opcit}}, {{p.}}89.</ref>{{,}}<ref name=PR73 group=r>P. Le Roux, {{opcit}}, {{p.}}73.</ref>.
[[File:Colonne trajane 1-19 rec.jpg|thumb|right|upright=1|alt=bas-relief rectangulaire convexe représentant une mêlée de soldats, tous armés d'épées et de boucliers, certains le torse nu.|La [[bataille de Tapae]] sur les [[reliefs de la colonne Traiana]].]]
Après avoir traversé le Danube, l’armée romaine progresse en territoire dace sans rencontrer une grande résistance. Les Daces espèrent ainsi forcer les Romains à quitter leurs lignes de communications et d’approvisionnement et les isoler dans les montagnes. Jusqu’à [[Tapae]], unique bataille de cette première campagne, [[Décébale]] évite toute confrontation armée<ref group=b name=JB92>J. Bennet, {{opcit}}, {{p.}}92.</ref>. L’armée romaine engage alors le combat contre l’armée dace dans la [[bataille de Tapae]]. Celle-ci, comme le montrent les reliefs de la colonne<ref group=f>F. Coarelli, {{opcit}}, {{pp.}}66-69.</ref>, tourne en faveur des Romains, après des combats acharnés<ref group=a>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre68.htm livre LXVIII], 8, 2.</ref>. Il ne s’agit pas pour autant d’un combat décisif<ref name=PR73 group=r/>, les Daces pouvant encore se replier dans les [[Forteresses daces des monts d'Orastie|bastions des monts d’Orastie]], bloquant ainsi la route menant à [[Sarmizegetusa|Sarmizegetusa Regia]]. L'arrivée de l'hiver marque l'arrêt des manœuvres. Traiano fait hiverner ses troupes en territoire ennemi et établit des garnisons autour de Sarmizegetusa, empêchant son ravitaillement.
En récompense de leurs services dans la première année de campagne, [[Lucius Licinius Sura]] et [[Lucius Iulius Ursus Servianus]] retournent à Rome pour devenir [[consul (Rome antique)|consuls]] éponymes<ref group=b name=JB96>J. Bennett, {{opcit}}, {{p.}}96.</ref>. [[Quintus Sosius Senecio]] remplace [[Caius Cilnius Proculus]] en Mésie<ref group=d name=BP301/>.
[[File:Colonne trajane 1-34 rec.jpg|thumb|right|upright=1|alt=bas-relief rectangulaire convexe, représentant une mêlée de soldats à pied et à cheval.|La [[bataille d'Adamclisi]] sur les [[reliefs de la colonne Trajane]].]]
Au cours de l’hiver [[101]]/[[102]], [[Décébale]], encerclé à l’ouest par les légions, décide de passer à l’offensive en ouvrant un nouveau front afin de diviser les forces romaines et libérer [[Sarmizegetusa]]. Le roi décide d’attaquer la [[Mésie|Mésie inférieure]], soutenu par les [[Sarmates]] [[Roxolans]]<ref group=f>F. Coarelli, {{opcit}}, {{p.}}82.</ref>{{,}}<ref group=k name=KS246>K. Strobel, {{opcit}}, 2010, {{p.}}246.</ref>{{,}}<ref name=PR73 group=r/>. Les deux armées, dace et sarmate, traversent le Danube et remportent quelques succès militaires. Le général [[Manius Laberius Maximus]], gouverneur de la province, parvient néanmoins à les tenir à distance. Trajan quitte les [[Forteresses daces des monts d'Orastie|monts d’Orastie]], tout en y laissant une garnison suffisante pour supporter le harcèlement ennemi, et, grâce aux routes et à la flotte danubienne<ref group=f>F. Coarelli, {{opcit}}, {{pp.}}76-78.</ref>, intervient rapidement. Les forces daces et roxolanes sont arrêtées, peut-être l’une après l’autre, près de l’endroit où sera fondée la ville de [[Nicopolis ad Istrum]] par Trajan pour honorer la victoire<ref group=a>[[Jordanès]], ''Histoire des Goths'', 18.</ref>{{,}}<ref group=a>[[Ammien Marcellin]], ''Histoires'', livre XXXI, 5.</ref>, peut-être après avoir vainement assiégé le fort légionnaire de [[Novae]]<ref group=f>F. Coarelli, {{opcit}}, {{pp.}}74-79.</ref>. Les Daces sont ensuite sévèrement défaits à la [[bataille d'Adamclisi]], en [[Dobroudja]].<ref name=PR73 group=r/><ref name="Petit216">{{cita|Petit 1974|p. 216}}.</ref>
Vers le mois de mars [[102]], Trajan reprend alors l’offensive et avance de nouveau vers le royaume de Dacie, sur plusieurs fronts. La première colonne traverse le Danube au niveau du ''{{lang|la|[[limes]]}}'' [[Oescus]]-[[Novae]] et continue le long de la vallée de l’[[Ost]] jusqu’au col suffisamment large et accessible de [[col Turnu Roșu|Turnu Rosu]]<ref name=PR73 group=r/>. Les deux autres colonnes progressent selon des itinéraires parallèles, et le point de jonction des trois colonnes se situe à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de [[Sarmizegetusa]]<ref group=b name=JB94>J. Bennett, {{opcit}}, {{p.}}94.</ref>, prenant la capitale dace à revers<ref name=PR73 group=r/>. [[Décébale]], affaibli par sa défaite à Adamclisi et déstabilisé par la progression simultanée de l’armée romaine sur trois fronts dans un vaste mouvement de tenaille, voyant les forteresses daces tomber une à une et l’ennemi s’approcher de la capitale, décide de négocier une première fois la paix, mais c'est un échec et la guerre continue. [[Décébale]], acculé à la paix<ref name=PR73 group=r/>, capitule, espérant éviter le massacre de la population de la capitale<ref group=f>F. Coarelli, {{opcit}}, {{p.}}130.</ref>{{,}}<ref group=a>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre68.htm livre LXVIII], 9, 5-7.</ref>.
[[File:Colonne trajane 1-62 rec.jpg|thumb|left|upright=1|alt=bas-relief rectangulaire convexe, montrant un homme sur un autre ; un autre s'agenouille devant lui ; autour d'eux, de nombreux soldats et prisonniers.|La soumission de [[Décébale]], prosterné devant Trajan, sur les [[reliefs de la colonne Trajane]].]]
Les conditions de paix imposées par Trajan marquent la fin de la [[guerres daciques de Trajan|première guerre dacique]]. Malgré les succès remportés, il est clair que la grande victoire romaine attendue n’a pas eu lieu, en raison de l’affaiblissement des troupes romaines qui a empêché Trajan de pousser plus loin son avantage<ref group=k name=KS259-260>K. Strobel, {{opcit}}, 2010, {{pp.}}259-260.</ref>. Malgré des conditions de paix qui semblent très dures, [[Décébale]] préserve son pouvoir, maintient l'unité de son royaume ainsi que la majeure partie de son territoire<ref name=PR7374 group=r>P. Le Roux, {{opcit}}, {{pp.}}73-74.</ref>{{,}}<ref group=m name=JPM235>J.-P. Martin, {{opcit}}, {{p.}}235.</ref>. On ignore si l'objectif de Trajan est alors d'essayer de transformer le royaume dace en état client ou s'il pense déjà à une deuxième campagne décisive<ref name=PR74 group=r>P. Le Roux, {{opcit}}, {{p.}}74.</ref>. À son arrivée à Rome à la fin du mois de décembre 102, Trajan célèbre un [[triomphe romain|triomphe]] et prend le titolo de {{citation|''{{lang|la|Dacicus}}''}}<ref name="PR74" group="r" />{{,}}<ref group="a" name="DC9-7">[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre68.htm livre LXVIII], 9, 7.</ref>.
===== Entre les deux guerres =====
[[File:TRAIANUS RIC II 528 - 2230436.jpg|right|thumb|upright=1|alt=pièce de monnaie en métal verdâtre ; d'un côté, un homme jeune, de profil, ceint de laurier, entouré d'inscriptions ; sur l'autre, un personnage debout, près d'un objet non identifiable.|[[Sesterce]] de [[103]], avec {{citation|DAC}} pour ''{{lang|la|Dacicus}}''.]]
À la suite de ce premier traité, les Romains fortifient leurs positions dans les territoires occupés. Une autre réalisation importante est la construction du [[pont de Trajan]] enjambant le [[Danube]] à [[Drobeta-Turnu Severin|Drobeta]] sous la direction d’[[Apollodore de Damas]], entre [[103]] et [[105]], un chef-d’œuvre de l’architecture antique<ref group=k name=KS254>K. Strobel, {{opcit}}, 2010, {{p.}}254.</ref>{{,}}<ref name=PR73 group=r/>, permettant de relier aisément [[Sirmium]] au [[Banat historique|Banat]] nouvellement annexé. Trajan s'emploie aussi sur le long du Danube moyen, sur la frontière panonienne, se méfiant des [[Marcomans]], des [[Quades]] et des [[Iazyges]] qui n'ont pourtant pas soutenu les Daces mais restent menaçants.<ref name="Petit216"/>
Les préparatifs de guerre des Romains n’étant pas passés inaperçus, [[Décébale]] fait relever les forteresses détruites, reconstruit les fortifications autour de la capitale, forme une nouvelle armée. Il cherche à nouer de nouvelles alliances<ref group=a name=DC10-3>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre68.htm livre LXVIII], 10, 3.</ref>.
===== La seconde guerre =====
[[File:CampagneDacieTrajan Carte105-106.png|thumb|right|upright=1.5|La [[guerres daciques de Trajan|deuxième expédition de Trajan en Dacie]], en [[105]] et [[106]].]]
En [[105]], les Romains subissent l'attaque des Daces<ref name=PR74 group=r/>. [[Décébale]] reprend le [[Banat historique|Banat]], alors sous contrôle romain<ref group=k name=KS264>K. Strobel, {{opcit}}, 2010, {{p.}}264.</ref><ref name="Petit217">{{cita|Petit 1974|p. 217}}.</ref><ref group=m name=JPM235/> puis attaque la [[Mésie|Mésie romaine]]. Le fait que Décébale ne semble vouloir respecter aucune condition du traité de paix rend légitime une deuxième guerre. Le [[Sénat de l'Empire romain|Sénat]] déclare alors la guerre pour la deuxième fois au royaume de Dacie<ref group=a name=DC68_10>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre68.htm livre LXVIII], 10.</ref>.
Trajan repart pour la Dacie en juin [[105]]<ref group=a name=DC10-4>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre68.htm livre LXVIII], 10, 4.</ref>{{,}}<ref group=i>{{it}} ''Fasti Ostienses in Iscrizioni Italiche'', XIII, 1, {{p.}}97.</ref>. Il réunit une armée plus importante que lors de la première guerre, quatorze légions et de nombreuses unités auxiliaires<ref group=k name=KS265>K. Strobel, {{opcit}}, 2010, {{p.}}265.</ref>{{,}}<ref name=PR73 group=r/>, dont deux nouvelles légions : la ''{{lang|la|[[Legio II Traiana Fortis|II Traiana Fortis]]}}'' et la ''{{lang|la|[[Legio XXX Ulpia Victrix|XXX Ulpia Victrix]]}}''<ref group=a>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre55.htm livre LV], 24.</ref>. Cela représente environ 175 à {{Unité|200000|hommes}} qui sont déployés par l’Empire, pour moitié des [[légion romaine|légionnaires]], pour moitié des [[troupes auxiliaires]]. Il s'agit de près de la moitié des effectifs militaires de l’Empire<ref group=r name=PR73/>. [[Lucius Licinius Sura]] accompagne à nouveau l'empereur en tant que conseiller, ainsi que [[Lusius Quietus]] et ses Maures, et les généraux de l’empereur sont [[Quintus Sosius Senecio]] et [[Caius Iulius Quadratus Bassus]]<ref group="d" name="BP301" />.
L'empereur, en arrivant sur les rives du Danube, fait sans doute face à une situation difficile. Les incursions daces ont dévasté la province de [[Mésie|Mésie inférieure]]. Selon les reliefs de la Colonne Trajane, Décébale serait même parvenu à prendre possession de plusieurs forts auxiliaires. De nombreux forts romains en [[Valachie (région)|Valachie]] sont occupés ou assiégés par les Daces, tout comme ceux construits le long du Danube. Le travail de reconquête dure tout l’été de [[105]], repoussant l’invasion du territoire dace à l’année suivante. Trajan vient renforcer les troupes du gouverneur de Mésie inférieure, [[Lucius Fabius Iustus]]<ref group=b name=JB97>J. Bennett, {{opcit}}, {{p.}}97.</ref>, et repousse les Daces.
[[File:Decebal suicide.jpg|left|thumb|upright=0.8|alt=un homme barbu à genou sous un arbre, s'apprête à s'égorger avec un poignard ; un soldat arrive avec deux chevaux et tend la main vers lui.|Le suicide de [[Décébale]] représentée sur la [[colonne Trajane]].]]
Pour l'année 106, Trajan réunit son armée et traverse le Danube sur le [[pont de Trajan|grand pont de Drobeta]]. Les alliés de [[Décébale]], les [[Bures (tribu)|Bures]], les [[Roxolans]] et les [[Bastarnes]], à l’annonce des préparatifs de guerre de Trajan, abandonnent le roi dace. Celui-ci, attaqué sur plusieurs fronts<ref group=f>F. Coarelli, {{opcit}}, {{pp.}}172-178.</ref> oppose une résistance désespérée et acharnée qui fait de nombreuses victimes. [[Décébale]] refuse de capituler et est contraint de quitter [[Sarmizegetusa]]. Finalement, après un long et sanglant siège, la capitale cède sous les coups des armées romaines qui se sont réunies depuis la fin de l’été<ref name=PR74 group=r/>. Toutes les [[Forteresses daces des monts d'Orastie|forteresses des monts d’Orastie]] sont tombées<ref>{{it}} Giuseppe Ignazio Luzzatto, ''Roma e le province (Storia di Roma)'', 17, 2, Istituto nazionale di studi romani, Bologne, 1985, {{p.}}284</ref>. Trajan décide de ne pas accorder des conditions de paix semblables à la précédente paix. La soumission définitive de la Dacie est nécessaire et pour cela, il faut construire des routes, des forts et isoler l’ennemi sans lui concéder aucun avantage<ref name=PR74 group=r/>. [[Décébale]] cherche d’abord à trouver refuge dans le nord, dans les montagnes des [[Carpates]]<ref group=k name=KS278>K. Strobel, {{opcit}}, 2010, {{p.}}278.</ref>, mais, une fois encerclé, se suicide<ref group=a name=DC14-3>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre68.htm livre LXVIII], 14, 3.</ref>{{,}}<ref group=f name=FC212215>F. Coarelli, {{opcit}}, {{pp.}}212-215.</ref>{{,}}<ref group=k name=KS279>K. Strobel, {{opcit}}, 2010, {{p.}}279.</ref>.
C’est la fin de la guerre. Pendant plusieurs mois, l’armée romaine est encore engagée dans des actes de répression qui permettent de calmer l’agitation de la population locale<ref group=f>F. Coarelli, {{opcit}}, {{pp.}}216-225.</ref>. La monnaie de l’année célèbre la {{citation|''{{lang|la|Dacia capta}}''}}<ref group="i">{{en}} ''Catalogue of the coins of the Roman Empire in the British Museum'', vol.3, Trajan, 1966, n. 381.</ref>.
===== Annexion romaine de la Dacie =====
[[File:Dacia SPQR.png|right|thumb|upright=1|La [[Dacie romaine|province de Dacie]] dans l'[[Empire romain]].]]
Le cœur du royaume dace, l’[[Olténie]] et le [[Banat historique|Banat]], est intégré dans une nouvelle provincia romana, la [[Dacie romaine|province de Dacie]]<ref group="a" name="DC14-3"/>{{,}}<ref group=f name=FC212215/>, qui se limite à la bordure de l'arc des [[Carpates]], à la [[Transylvanie (région)|Transylvanie]] et aux massifs occidentaux.<ref name=PR74 group=r/><ref name="Petit217">{{cita|Petit 1974|p. 217}}.</ref> Le royaume dace ne disparaît donc pas totalement, quelques régions demeurent libres. La ville nouvellement fondée de ''{{lang|la|[[Ulpia Traiana Sarmizegetusa|Colonia Ulpia Traiana Augusta Sarmizegetusa Dacica]]}}''<ref group=k name=KS297>K. Strobel, {{opcit}}, 2010, {{p.}}297.</ref> devient la capitale de la nouvelle province. Elle est très rapidement reliée à ''{{lang|la|[[Alba Iulia#Histoire|Apulum]]}}'' et ''{{lang|la|[[Porolissum]]}}'' où stationnent d'importantes garnisons romaines.<ref name="Petit217"/> Une grande partie des plaines de [[Valachie (région)|Valachie]] et la [[Moldavie]] est intégrée à la province de [[Mésie|Mésie inférieure]] qui est agrandie.<ref>{{it}} Ioan Piso, ''Provincia Dacia, in Traiano ai confini dell'impero'', de Grigore Arbore Popescu, Milan, 1998, {{p.}}125</ref><ref>{{en}} Ioana A. Oltean, ''Dacia, landscape, colonisation, romanisation'', New York, 2007, {{p.}} 55.</ref><ref name="Petit217"/> La création de la province de Dacie en [[106]] est très probablement accompagnée par la réorganisation militaire du cours du Danube. C'est à cette occasion que la province voisine de [[Pannonie]] est divisée en deux : d'une part la Pannonie supérieure et d'autre part la Pannonie inférieure<ref name=PLR75 group=r>P. Le Roux, {{opcit}}, {{pp.}}75 et 240.</ref>.
Récemment, des découvertes archéologiques ont remis en cause le mythe de l'extermination, de la déportation ou du bannissement des Daces par les Romains<ref>Collectif, ''Documentation sur l'Europe centrale'', Vol. 18, 1980</ref>{{,}}<ref>Alojz Benac, Nikola Tasić, ''Actes du {{VIIIe}} congrès international des sciences préhistoriques et protohistoriques : Beograd, 9-15 septembre 1971'', Vol. 3, Union internationale des sciences préhistoriques et protohistoriques, 1973, {{p.|234}}.</ref>. Néanmoins, on ne peut nier les importants bouleversements démographiques qui ont eu lieu<ref group=k name=KS291>K. Strobel, {{opcit}}, 2010, {{p.}}291.</ref>{{,}}<ref>{{de}} Karl Christ, ''Geschichte der römischen Kaiserzeit'', Munich, 2002, {{p.}}301.</ref>. Bien qu’une grande partie de la population et de l’élite daces ait finalement abandonné [[Décébale]] au profit de l’armée romaine, l’ancienne aristocratie est éliminée. Les populations des villes daces du cœur du royaume, région montagneuse et difficile à surveiller, sont déplacées vers les plaines<ref>Collectif, ''Revue roumaine d'histoire'', Vol. 8, No. 1, Academia Republicii Populare Romîne, 1969, {{p.|12}}.</ref>. Les villes sont détruites et les Romains fondent à la place de nombreuses colonies, plus petites, dans lesquelles s'installent des colons romains issus de provinces avoisinantes<ref group=b name=JB101>J. Bennett, {{opcit}}, {{p.}}101.</ref>. De même, toutes les résidences royales sont détruites. Le phénomène le plus impressionnant reste la disparition presque complète de l’ancienne [[Religion des Daces|religion dace]]<ref group=k name=KS293>K. Strobel, {{opcit}}, 2010, {{p.}}293.</ref>. Selon Criton, médecin de Trajan, ce sont près de {{formatnum:500000}} prisonniers daces qui sont ramenés à Rome pour participer aux spectacles donnés lors de la célébration du triomphe de Trajan mais cette estimation semble avoir été exagérée d'un facteur dix et les Romains auraient en réalité fait {{formatnum:50000}} prisonniers<ref group=b name=JB101/>{{,}}<ref>Jérôme Carcopino, ''Les étapes de l'impérialisme romain'', 1961, {{pp.}}106-107.</ref>. Une grande partie des hommes aptes au travail et qui ne font pas partie des prisonniers de guerre sont enrôlés dans l’armée romaine, une procédure qui permet de diminuer le risque de révolte et d’augmenter les effectifs de l’armée<ref group=k name=KS294>K. Strobel, {{opcit}}, 2010, {{p.}}294.</ref>.
L'annexion du royaume dace semble précipitée et contraire aux habitudes romaines qui traditionnellement la font précéder par l'établissement d'un royaume client. Il s'agit peut-être de stabiliser au plus vite la frontière face à la menace barbare qui pèse sur la région du moyen Danube mais il s'agit peut-être aussi pour Trajan de prendre rapidement le contrôle des riches mines d'or et d'argent que compte le territoire<ref>{{it}} Grigore Arbore Popescu, « Le strade di Traiano » dans ''Traiano ai confini dell'Impero'', de Grigore Arbore Popescu, Milan, 1998, {{p.}}190.</ref>, ainsi que des trésors du roi. Quoi qu'il en soit, cette nouvelle province apporte à l'empereur d'importantes ressources qui sont vite épuisées dans la préparation des [[Guerre parthique de Trajan|campagnes contre les Parthes]]<ref name=PP217 group=p/> et dans des constructions grandioses célébrant la victoire de Trajan comme les reliefs des [[arc de Bénévent|arcs de triomphe de Bénévent]] et [[Arc de Trajan d'Ancône|d’Ancône]], ceux du [[forum de Trajan]] à Rome ou comme le ''{{lang|la|[[Tropaeum Traiani]]}}'' érigé à [[Adamclisi]] en [[109]].
D'après les sources antiques, la conquête de la Dacie a en effet permis de rassembler un butin impressionnant<ref group=a name=DC14-45>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre68.htm livre LXVIII], 14, 4-5.</ref>{{,}}<ref group=f group=f>F. Coarelli, {{opcit}}, {{pp.}}208-209.</ref> s'élevant à près de {{unité|50000|prisonniers}} de guerre, {{unité|165|tonnes}} d’or et {{unité|331|tonnes}} d’argent<ref group=k>K. Strobel, {{opcit}}, 1984, {{p.}}211.</ref>. Trajan semble avoir tiré de son butin environ {{Unité|2700|millions}} de [[sesterce]]s. S'étant vu accordé l’honneur d’un grand [[triomphe romain|triomphe]], il utilise une partie du butin pour donner de grands spectacles de [[gladiateur]]s, près de {{unité|5000|duels}} ont lieu<ref name=WE120 group=e>W. Eck, {{opcit}}, 1997a, {{pp.}}110–124, ici {{p.}}120.</ref>, et des courses de chars dans le ''{{lang|la|[[Circus Maximus]]}}''. Les spectacles sont étalés sur plus de cent jours<ref group="r" name="PR154" />, entre [[108]] et [[109]]. Il finance également ''{{lang|la|e manubiis}}'' (littéralement « grâce au produit du butin ») la construction d'un [[forum de Trajan|nouveau forum]] et confie la direction des travaux à l’architecte [[Apollodore de Damas]]<ref group="b" name="JB90"/>. C'est dans ce forum qu'est érigée la célèbre [[colonne Trajane]] sur laquelle figure une frise longue de deux cents mètres qui s’enroule en spirale autour du fût et qui raconte les exploits militaires de Trajan et de ses généraux<ref group="b" name="JB90"/>.
[[File:Colonne trajane 1-50 rec.jpg|thumb|right|upright=1|alt=scène oblongue et convexe, représentant un groupe de soldats à cheval poursuivant des fuyards à pied.|La cavalerie maure de [[Lusius Quietus]] sur les [[reliefs de la colonne Trajane]].]]
Trajan récompense ses plus fidèles lieutenants qui ont joué un rôle de premier plan lors des [[guerres daciques de Trajan|guerres daciques]] comme [[Lucius Licinius Sura]] qui se voit accordé l’extraordinaire honneur d’un troisième consulat en [[107]]<ref group=d name=BP304>F. Des Boscs-Plateaux, {{opcit}}, {{p.}}304.</ref> et [[Quintus Sosius Senecio]] qui obtient son deuxième consulat éponyme en [[107]] et à qui on octroie les décorations militaires doubles (''{{lang|la|dona militaria}}''). Il reçoit aussi les insignes triomphaux<ref group=d>F. Des Boscs-Plateaux, {{opcit}}, {{pp.}}301-302 et 430.</ref> et est honoré de son vivant d'une statue de bronze dans le [[forum d'Auguste]]<ref group=a name=DCT>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre69.htm livre LXIX], 16.</ref>. [[Caius Iulius Quadratus Bassus]] est également récompensé et reçoit les [[ornements triomphaux]]<ref>{{de}} Der Neue Pauly, Stuttgardiae, 1999, T. 6, c. 40.</ref> ainsi que [[Lusius Quietus]] qui est élevé à la [[préteur|préture]], lui permettant ainsi d'accéder au [[Sénat de l'Empire romain|Sénat]]<ref group=a name=DC68_32>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre68.htm livre LXVIII], 32.</ref>, pour son action déterminante à la tête de la cavalerie auxiliaire maure<ref group=a name=DC68_32/>.
===== Déplacement du noyau militaire du Rhin au Danube =====
La [[guerres daciques de Trajan|conquête de la Dacie]] modifie profondément les données stratégiques de l’Empire romain, la plus forte concentration de légions romaines passant du [[Rhin|noyau rhénan]] aux [[Danube|rives danubiennes]] et à la [[Dacie romaine]]<ref group=r name=PR71>P. Le Roux, {{opcit}}, {{p.}}71.</ref>. En effet, il n'y a plus que quatre légions dans les provinces de Germanie contre huit au {{s-|I|er}}<ref group=r name=PR71/>, alors que les provinces danubiennes en ont dorénavant onze : trois en [[Pannonie supérieure]], une en [[Pannonie inférieure]]<ref group=r name=PR75/>, deux dans chacune des provinces de [[Mésie]]<ref group=s>M. Sartre, {{opcit}}, {{pp.}}235-236.</ref> et trois en [[Dacie romaine|Dacie]]<ref group=r name=PR75>P. Le Roux, {{opcit}}, {{p.}}75.</ref>.
[[File:Arabia Syrie SPQR.png|thumb|upright=1|left|En foncé, la [[Syrie (provincia romana)|Syrie]]. En rouge, la provincia romana d'[[Arabie Pétrée]] créée en [[106]].]]
==== L'annexion de l'Arabie Pétrée ====
En [[106]], alors qu'il mène campagne en Dacie, Trajan ordonne au [[gouverneur romain|gouverneur impérial]] de [[Syrie (provincia romana)|Syrie]], [[Aulus Cornelius Palma Frontonianus]], d'annexer le [[Nabatéens|royaume nabatéen de Pétra]]<ref group=a name=DC69_14>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://www.mediterranees.net/histoire_romaine/dion/Trajan.html livre 69, 14].</ref>, sans doute après la mort du roi [[Rabbel II]]<ref group=s name=MS38>M. Sartre, {{opcit}}, {{p.}}38.</ref>. Ce royaume est alors l'un des derniers territoires protégés par Rome mais non intégrés à l'Empire, avec l'État client d'[[Osroène]] autour d'[[Şanlıurfa|Édesse]], quelques territoires dans le Caucase et le cas épineux du [[royaume d'Arménie]]<ref group=s>M. Sartre, {{opcit}}, {{pp.}}29 et 37.</ref>.
Il n'y a apparemment aucun combat, mais l'annexion fait peut-être suite à une campagne militaire à la tête des légions de Syrie et d'Égypte commencée en [[105]] qui n'a, semble-t-il, rencontrée aucune résistance.<ref group=m name=Martin/><ref group=s name=MS38/> [[Dion Cassius]]<ref group=a name=DC69_14/> et [[Ammien Marcellin]]<ref group=a>[[Ammien Marcellin]], ''Histoire de Rome'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/ammien/14.htm livre XIV, VIII, 13].</ref>, qui écrivent respectivement près d'un siècle et plus de deux siècles après les faits, indiquent que la conquête du royaume s'est faite avec résistance. Toutefois, les pièces de monnaie contemporaines frappées à la suite de l'annexion parlent d'une acquisition (''{{lang|la|Arabia adquisita}}'' : {{citation|l’Arabie acquise}}), et non d'une conquête militaire. De plus, ''{{lang|la|Arabicus}}'' n'a pas été ajouté à la titulature impériale de Trajan, ce qui semble indiquer qu'il s'agit donc d'une annexion pacifique<ref name=Hol155>Dominique Hollard, ''Revue numismatique'', 2004, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/numi_0484-8942_2004_num_6_160_2556 « Le monnayage de la Legio III Cyrenaica frappé à Bostra sous Antonin le Pieux », {{p.}}155].</ref>{{,}}<ref name=Bla231/>.
Cette annexion permet de renforcer la frontière orientale de l’Empire en vue d'une [[Guerre parthique de Trajan|campagne contre les Parthes]], de rendre sûre la liaison commerciale entre l'[[Période romaine de l'Égypte|Égypte]], la [[Judée (provincia romana)|Judée]] et la [[Syrie (provincia romana)|Syrie]]<ref group=m name=Martin>J.-P. Martin, {{opcit}}, {{p.|237}}.</ref> et de mettre fin au monopole des bédouins caravaniers comme intermédiaires sur le commerce de la mer Rouge.<ref>{{cita|Petit 1974|pp. 217-218}}.</ref><ref>{{de}} R. E. Brunnow et A. Von Ddomszewski, ''Die Provinz Arabien'', 3 vol., 1904-1909.</ref>{{,}}<ref>{{en}} Y. Yadin, « The Nabatean Kingdom, Pronvincia Arabia, Petra and En-Geddi in the Documents from Nahal-Hever », Jaarb. Voor-Aziat., Egypt. Gezelschap (Leyde), 17, 1963, 227-241.</ref>. Trajan fait de [[Bosra]] la capitale de la nouvelle [[Arabie (provincia romana)|province impériale d'Arabie Pétrée]] (''provincia Arabia''), qui est créée le [[22 mars]] [[106]]<ref name=Hol155/>{{,}}<ref group=s name=MS38/> et formée du royaume conquis et de la [[Décapole (Proche-Orient)|décapole]] déjà romaine.
Probablement pour l'annexion du royaume nabatéen<ref name=Bla231/>, Cornelius Palma est honoré des ornements triomphaux<ref name=Bla231/>{{,}}<ref group=i name=CIL_CP>{{CIL|6|1386|R=}}.</ref> et, de son vivant, d'une statue<ref group=a name=DC69_16>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://www.mediterranees.net/histoire_romaine/dion/Trajan.html livre 69 (Nerva et Trajan), 16].</ref> de bronze dans le [[forum d'Auguste]]<ref name=Bla231>Adrien Blanchet, ''Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres'', 1944, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1944_num_88_2_77751 « La figure de l'Arabie », {{p.}}231].</ref>{{,}}<ref group=i name=CIL_CP/>, à l'instar de [[Quintus Sosius Senecio]], pour son rôle décisif dans les [[guerres daciques de Trajan|guerres daciques]], et de [[Lucius Publilius Celsus]]<ref group=a name=DC69_16/>, pour des raisons inconnues.
==== Sa politique intérieure ====
[[File:Via Appia map.jpg|thumb|right|upright=1.5|Tracé de la ''[[via Traiana]]'' en rouge.]]
Pendant six ans, de [[107]] à [[113]], Trajan reste à Rome. Sa politique est alors marquée par son [[paternalisme]] et est davantage concentrée sur l’[[Italie (époque romaine)|Italie]]. [[Nerva]] a déjà donné à l’Italie une place particulière au sein de l’Empire, comme l’attestent les monnaies de l’époque. Trajan poursuit cette politique. Au travers d’un édit, Trajan force les candidats aux fonctions sénatoriales à investir au moins le tiers de leurs biens sur le sol italien<ref group=a>[[Pline le Jeune]], ''Lettres'', {{VI}}, 19.</ref>{{,}}<ref name=PP167 group=p/>{{,}}<ref groupname=r"LeRoux164-170">P. {{cita|Le Roux, {{opcit}},1998|pp. {{p.|164 et -170}}.</ref>.
Comme son prédécesseur, Trajan s’attelle à améliorer le réseau routier italien : entre [[108]] et [[114]], les travaux de la ''{{lang|la|[[via Traiana]]}}'' qui relie [[Bénévent|Beneventum]] à [[Brundisium]] sont achevés, vraisemblablement sous les ordres du [[curateur (Rome antique)|curateur]] des voies [[Quintus Pompeius Falco]], permettant d’alléger le trafic sur la ''{{lang|la|[[via Appia]]}}'' qui dessert aussi Brundisium. Le point de départ de la ''{{lang|la|via Traiana}}'' est marqué par un [[arc de Bénévent|arc de triomphe]] dont les reliefs ne laissent aucun doute sur le programme de restauration de l'Italie qu'engage l’empereur<ref>{{article|prénom1=Giuseppe|nom1=Ceraudo|titolo=La Via Traiana. Découvertes récentes|périodique=Dossiers d'archéologie|numéro=343|mois =janvier-février|année=2011|pages=38-43}}.</ref>{{,}}<ref name=rb>Rémy Bernard, ''Mélanges de l'École française de Rome. Antiquité'', 1983, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1983_num_95_1_1362 La carrière de P. Calvisius Russo Iulius Frontinus, gouverneur de Cappadoce-Galatie, {{pp.}}175-176].</ref>. Cette voie permet de relier plus rapidement Rome au port de Brundisium, lieu de départ pour la Grèce et l'Orient, et cela à la veille des guerres parthiques<ref name=rb/>. En outre, les délais de voyage ont été nettement améliorés dans de nombreuses régions d’Italie notamment grâce au développement de régions comme l’est des [[Pouilles]] et la [[Calabre]].
[[File:TRAIANUS RIC II 632-2290429.jpg|vignettethumb|droiteright|[[Sesterce]] ''([[circa]] [[106]]-[[111]])'' - représentant le bassin du Port de Trajan, entouré par des entrepôts et des navires au centre.]]
En l'an [[103]], Trajan fait construire au nord d’[[Ostie]] un [[Portus (port romain)#Sous l’empereur Trajan|autre port]] plus à l'intérieur<ref name="comune.fiumicino.rm.gov.it">{{Lien web |lang=it |auteur= |titolo=Porti Imperiali di Claudio e Traiano - Comune di Fiumicino (Port impérial de Claude et Trajan) |url=http://www.comune.fiumicino.rm.gov.it/5983 |site=www.comune.fiumicino.rm.gov.it |en ligne le= |consulté le=18 octobre 2014 |brisé le= }}</ref>, un bassin hexagonal communiquant par des canaux avec le port de Claude, avec le Tibre directement<ref name="telegraph.co.uk">{{Lien web |lang=en |auteur=By Nick Squires |titolo='Biggest canal ever built by Romans' discovered |url=https://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/italy/7883996/Biggest-canal-ever-built-by-Romans-discovered.html |site=www.telegraph.co.uk |en ligne le=11 juillet 2010 |consulté le=18 octobre 2014}}</ref>, et avec la mer. L’accès de nouveau port dépend moins des conditions climatiques pour assurer l’approvisionnement de Rome en blé, en matériaux de construction et en marbre.<ref group=e>W. Eck, {{opcit}},cita|Eck 1999, {{pp.|11–16}}, ici {{p.| 13}}.</ref>.
Il fait agrandir également les ports d’[[Ancône (Italie)|Ancône]], de [[Civitavecchia|Centumcellae]] et de [[Terracina]]. Ce rôle prépondérant donné à l’Italie et les actions politiques de Trajan allant dans ce sens se retrouvent sur les sujets figurant sur les pièces de monnaies frappées durant cette période. Ces pièces sont estampillées de la devise {{citation|Restauration de l’Italie}} (''{{lang|la|Italia rest[ituta]}}'')<ref group=i>[[Charles Victor Daremberg]] et [[Edmond Saglio]], 1900, ''[[Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines]]'', [http://dagr.univ-tlse2.fr/sdx/dagr/feuilleter.xsp?tome=3&partie=1&numPage=596&nomEntree=ISTHMION&vue=image « ITALIA », {{p.| 592}}].</ref>.
===== Rome, capitale embellie =====
[[File:Fori-imperiali-big-1-.jpg|thumb|upright=1.2|right|alt=maquette représentant un bâtiment long qui entoure plusieurs cours à colonnades, entourés de nombreux immeubles serrés.|Le [[Forum de Trajan]] sur la maquette d'[[Italo Gismondi]] (1887-1974).]]
Peu de temps après le début de son règne, Trajan se lance dans un vaste programme d’urbanisation pour embellir la capitale, pour le bénéfice du peuple et pour sa propre gloire et postérité. Il consacre beaucoup d’attention à l’entretien et à la réhabilitation, des infrastructures civiles. Par exemple, il fait rénover et agrandir le système d’approvisionnement en eau. L’''{{lang|la|[[Aqua Traiana]]}}'', [[aqueduc]] achevé en [[109]], fait près de {{unité|60|km}} de long et conduit l’eau depuis la région du [[lac de Bracciano]] au nord de Rome jusqu’au quartier de la rive droite du [[Tibre]] à Rome. Il apporte ainsi l’eau dans un quartier pauvre de la ville<ref>{{en}} Samuel Ball Platner et Thomas Ashby, ''A Topographical Dictionary of Ancient Rome'', 1929, [http://penelope.uchicago.edu/Thayer/E/Gazetteer/Places/Europe/Italy/Lazio/Roma/Rome/_Texts/PLATOP*/Aqua_Trajana.html Aqueduc Traiana].</ref>{{,}}<ref>Luc Duret et Jean-Pierre Néraudau, ''Urbanisme et métamorphoses de la Rome antique'', [[Les Belles Lettres]], [[2001]], {{p.}}269.</ref>.
Toujours en l’an 109, il fait bâtir des [[thermes de Trajan|thermes]] aux dimensions longtemps inégalées, près du [[Colisée]], du ''{{lang|la|[[Ludus Magnus]]}}'' et des [[thermes de Titus]] qui sont quatre fois plus petits<ref group=n>Annette Nünnerich-Asmus, « Er baute für das Volk ?! Die stadtrömischen Bauten des Traian » dans A. Nünnerich-Asmus, {{opcit}}, {{pp.}}97–124, ici {{p.}}118.</ref>. Ces thermes sont construits en grande partie sur les ruines de la ''{{lang|la|[[Domus Aurea]]}}'' de [[Néron]]. Trajan restitue ainsi à l’intérêt public des bâtiments privés et renforce par opposition au {{citation|mauvais}} empereur Néron son image d’''{{lang|la|Optimus Princeps}}''. Pour l’inauguration des thermes en [[112]], cent dix-sept jours de jeux sont organisés durant lesquels combattent {{unité|8000|gladiateurs}} et se produisent {{unité|10000|animaux}} sauvages<ref group=n>Annette Nünnerich-Asmus, « Er baute für das Volk ?! Die stadtrömischen Bauten des Traian » dans A. Nünnerich-Asmus, {{opcit}}, {{pp.}}97–124, ici {{p.}}124.</ref>, des jeux démesurés qui rappellent les [[naumachie]]s au temps d’[[Auguste]]. Seul le calendrier des [[Fastes d'Ostie]] nous apprend que Trajan inaugura en [[109]] une naumachie, donc un bassin destiné à des combats navals qui durent du {{nobr|19 au}} {{nobr|24 novembre 109}}<ref>Jérôme Carcopino, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation, 1932, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1932_num_76_4_76258 « Note sur un nouveau fragment des Fastes d'Ostie », {{p.}}375].</ref>. Cet édifice est retrouvé au {{XVIIIe siècle}} dans la plaine du [[Vatican]]. Des fouilles ultérieures ont permis d'en repérer le plan, en forme de rectangle orienté nord-sud, arrondi aux angles, large de {{unité|120|mètres}} et long pour ce qui est repéré d'au moins {{unité|300|mètres}}<ref>{{en}} Filippo Coarelli, ''Rome and environs, an Archaeological Guide'', University of California Press, 1997, {{p.}}362.</ref>.
[[File:TrajanMercati Forumdi Traiano - Roma.jpg|thumb|left|upright=1.2|alt=derrière des ruines au ras du sol se dresse une place semi-circulaire à colonnades sur deux étages, au-delà de laquelle s'étendent de plus hauts bâtiments, également en briques.|Vue aérienne des ruines du forum et des [[marchés de Trajan]].]]
Le plus grand complexe monumental dont il entreprend la construction reste cependant le [[forum de Trajan]], construit entre [[107]] et [[113]] sous la direction de l’architecte [[Apollodore de Damas]]. Ce forum dépasse tous les autres par ses dimensions : {{unité|300|mètres}} de long et {{unité|185|mètres}} de large. Contrairement aux autres ''[[forum romain|{{lang|la|fora}} romains]]'', la place centrale du forum n’est pas dédiée à un dieu vengeur ou protecteur. Les sujets évoqués dans les reliefs et statuaires concernent le [[Sénat de l'Empire romain|Sénat]] et l’[[armée romaine|armée]], considérés comme les deux principaux piliers de l’Empire, ainsi que les préoccupations du peuple.
La prédominance sur les peuples barbares est quant à elle représentée par la [[colonne Trajane]] qui, sur une frise de près de {{unité|200|mètres}}, décrit au travers de scènes détaillées réparties en deux grandes sections les deux [[guerres daciques de Trajan|guerres daces]]. Le forum est lié aux [[marchés de Trajan]], quartier de négoce autonome, qui demeure le plus grand bâtiment romain civil encore debout<ref group=n>Björn Gesemann, « Die ‚Große Aula‘ der Traiansmärkte in Rom – Überlegungen zur Herkunft und Entwicklung ihres Bautyps » dans A. Nünnerich-Asmus, {{opcit}}, {{pp.}}145–153, ici {{p.}}145.</ref>.
Après un nouvel incendie du ''{{lang|la|[[Circus Maximus]]}}'' sous le règne de [[Domiziano]], l'empereur Trajan fait reconstruire l'édifice et agrandit les gradins ainsi que la loge impériale. Il porte le nombre de spectateurs, grâce à des travaux d’agrandissement et l'ajout de {{Unité|5000|places}}<ref group=a>[[Pline le Jeune]], ''Panégyrique de Trajan'', 51.</ref>, à près de 150 ou {{Unité|250000}}<ref>{{en}} Filippo Coarelli, ''Rome and environs, an Archaeological Guide'', University of California Press, 1997, {{p.}}324.</ref>.
Trajan recrute une garde à cheval attachée à l'empereur, les ''{{lang|la|[[Equites Singulares Augusti]]}}''. [[Auguste]] avait déjà créé une unité similaire, connue sous le nom de ''{{lang|la|[[Gardes germains|Batavi]]}}'' (ou ''{{lang|la|Germani Corporis Custodes}}''), mais l'avait dissoute après le [[Bataille de Teutobourg|désastre de Varus]] en [[9]]. Elle avait été reconstituée par [[Tibère]] en [[14]] et à nouveau dissoute par [[Galba]] en [[68]]. Ils sont recrutés à partir de la [[troupes auxiliaires|cavalerie auxiliaire]] des [[provincia romana|provinces]]. Ils doivent dans un premier temps 27 à 29 ans de service. Ils sont organisés et équipés comme une unité de cavalerie (''{{lang|la|ala}}'') régulière, constituant un ''{{lang|la|numerus}}'' de 500 hommes et sont logés dans leur propre camp sur le [[Caelius]]. Leur commandement est assuré par un tribun, lui-même sous l'autorité du [[préfet du prétoire]]. L'unité est divisée en turmes, probablement forte d'environ 30 hommes, chacune dirigée par un [[décurion]] avec un ''{{lang|la|duplicarius}}'' et un ''{{lang|la|sesquiplicarius}}'' comme adjoints, le décurion senior est désigné ''{{lang|la|decurio princeps}}''<ref>Pierre Cosme, ''L'armée romaine'', Armand Colin, Paris, 2009, {{p.}}84.</ref>.
===== Sa politique sociale =====
[[File:Benevento arco di Traiano.JPG|thumb|right|upright=1.2|alt=un groupe d'une dizaine d'hommes et de femmes en pied ; deux enfants nus au sol, le visage supprimé.|Détail de l'[[arc de Bénévent]] : le panneau avec l'empereur, les ''{{lang|la|alimenta}}'' et la naissance de la ''{{lang|la|proles Romana}}''<ref>Paul Veyne, ''Mélanges d'archéologie et d'histoire'', 1960, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1960_num_72_1_7465 Une hypothèse sur l'arc de Bénévent, p.209].</ref>.]]
[[File:BeneventoSa arcopolitique disociale Traiano.JPGest marquée par l’institution des {{citation|thumb''{{lang|rightla|upright=1.2|alt=un groupe dalimenta}}''}}, une dizaineaide d'hommesalimentaire etmise deen femmesplace enpeu piedaprès ;[[99]] et destinée deuxaux enfants nusdes aucitoyens sol,italiens leles visageplus supprimépauvres.|Détail deTrajan l'[[arcreprend ainsi une initiative de Bénévent]]Nerva :et lel’exemple panneaudéjà avecdonné l'empereur,par lesde ''{{lang|la|alimenta}}''riches etparticuliers lamais naissanceà deune laplus ''{{lang|la|prolesgrande Romana}}''échelle.<ref>Paul Veyne, ''Mélanges d'archéologie et d'histoire'', 19601957, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1960_num_72_1_74654874_1957_num_69_1_7413 UneLa hypothèsetable surdes Ligures Baebiani et l'arcinstitution alimentaire de BénéventTrajan].</ref><ref name="Martin283">{{cita|Martin 2006|p. 229}}.</ref> L'argent de cette aide provient des intérêts, au maximum de cinq pour cent, des prêts perpétuels de l'État accordé à des propriétaires italiens.<ref name="Martin284">{{cita|Martin 2006|p. 284}}209].</ref><ref name="Petit167">{{cita|Petit 1974|p.]] 167}}.</ref>
Cette aide alimentaire bénéficie probablement à des centaines de milliers de filles et de garçons sous la forme d’un soutien pécuniaire mensuel.<ref>{{cita|Eck 2002|pp. 747}}.</ref> À Rome, en [[100]], Trajan accorde à près de {{unité|5000|orphelins}} une distribution gratuite de grain<ref group=a>[[Pline le Jeune]], ''Panégyrique de Trajan'', 26 et 34.</ref>. Une plaque de bronze de [[Veleia]] décrit les modalités de cette aide alimentaire. Pour cette ville par exemple, 300 enfants en bénéficiaient : 264 garçons touchent 16 sesterces par mois et 36 filles touchent 12 sesterces par mois. Plus de 50 villes sont concernées par cette mesure imperiale.<ref>{{cita|Seelentag 2008|p. 208}}.</ref>
Sa politique sociale est marquée par l’institution des {{citation|''{{lang|la|alimenta}}''}}, une aide alimentaire mise en place peu après [[99]] et destinée aux enfants des citoyens italiens les plus pauvres. Trajan reprend ainsi une initiative de Nerva et l’exemple déjà donné par de riches particuliers mais à une plus grande échelle<ref>Paul Veyne, ''Mélanges d'archéologie et d'histoire'', 1957, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1957_num_69_1_7413 La table des Ligures Baebiani et l'institution alimentaire de Trajan].</ref>{{,}}<ref group=m name=JPM283>J.-P. Martin, {{opcit}}, {{p.}}283.</ref>. L'argent de cette aide provient des intérêts, au maximum de cinq pour cent, des prêts perpétuels de l'État accordé à des propriétaires italiens.<ref group=m name=JPM284>J.-P. Martin, {{opcit}}, {{p.}}284.</ref><ref name="Petit167">{{cita|Petit 1974|p. 167}}.</ref>
L’aide alimentaire fait partie d’une politique globale de gestion de crise économique, c’est une aide aux pauvres qui permet d’asseoir la réputation d’un empereur qui se montre soucieux du bien-être de son peuple,<ref>{{cita|Seelentag 2008|p. 209}}.</ref> trait du prince qui perdure jusqu’au troisième siècle<ref group=e name=WE120/>.
Cette aide alimentaire bénéficie probablement à des centaines de milliers de filles et de garçons sous la forme d’un soutien pécuniaire mensuel<ref group=e>W. Eck, {{opcit}}, 2002, {{pp.}}746–749, ici {{p.}}747.</ref>. À Rome, en [[100]], Trajan accorde à près de {{unité|5000|orphelins}} une distribution gratuite de grain<ref group=a>[[Pline le Jeune]], ''Panégyrique de Trajan'', 26 et 34.</ref>. Une plaque de bronze de [[Veleia]] décrit les modalités de cette aide alimentaire. Pour cette ville par exemple, 300 enfants en bénéficiaient : 264 garçons touchent 16 sesterces par mois et 36 filles touchent 12 sesterces par mois. Plus de 50 villes sont concernées par cette mesure impériale<ref group=g>G. Seelentag, {{opcit}}, 2008, {{pp.}}208–241, ici {{p.}}208.</ref>.
Par ailleurs, au début de son principat, Trajan annule les dettes envers le fisc<ref name="Martin282">{{cita|Martin 2006|p. 282}}.</ref> et supprime la taxe sur les successions pour les héritiers directs,<ref name="LeRoux184">{{cita|Le Roux 1998|p. 184}}.</ref> ce qui n'améliore pas la situation économique de l'Empire. Mais l'or dace rapporté à Rome dès [[102]], ainsi que l'exploitation des mines de la province, soulage le trésor de Rome.<ref name="Martin282"/>
L’aide alimentaire fait partie d’une politique globale de gestion de crise économique, c’est une aide aux pauvres qui permet d’asseoir la réputation d’un empereur qui se montre soucieux du bien-être de son peuple<ref group=g>G. Seelentag, {{opcit}}, 2008, {{pp.}}208–241, ici {{p.}}209.</ref>, trait du prince qui perdure jusqu’au troisième siècle<ref group=e name=WE120/>.
Par ailleurs, au début de son principat, Trajan annule les dettes envers le fisc<ref group=m name=JPM282/> et supprime la taxe sur les successions pour les héritiers directs<ref group=r name=PR184>P. Le Roux, {{opcit}}, {{p.}}184.</ref>, ce qui n'améliore pas la situation économique de l'Empire. Mais l'or dace rapporté à Rome dès [[102]], ainsi que l'exploitation des mines de la province, soulage le trésor de Rome<ref group=m name=JPM282>J.-P. Martin, {{opcit}}, {{p.}}282.</ref>.
[[File:PlotinaSest.jpg|thumb|left|upright|alt=pièce de monnaie représentant une femme de profil en buste, avec une haute coiffure élaborée, entourée d'inscriptions.|[[Sesterce]] avec un portrait de [[Plotine]].]]
Selon l'historien Gérard Minaud, auteur d'un ouvrage biographique sur douze [[Liste des impératrices romaines|impératrices romaines]], c'est sous l'influence de son épouse que Trajan modifie la fiscalité pour la rendre plus équitable, prend des mesures pour une meilleure éducation, aider les pauvres, et établir la tolérance dans la [[société romaine]]<ref name=GM>Gérard Minaud, ''Les Vies de 12 femmes d’empereur romain'', Paris, L’Harmattan, 2012, ch. 6, « La vie de Plotine, femme de Trajan », {{pp.}}147-168.</ref>.
===== Sa politique provinciale =====
L'empereur donne une plus grande autonomie fiscale aux provinces : la perception de la plupart des impôts indirects, à l'exception des douanes, est maintenant confiée à des ''conductores'' de l’administration provinciale, c'est-à-dire de riches particuliers responsables des sommes dues.<ref>{{cita|Sartre 1997|p. 37}}.</ref>
L'institution des [[Curateur (Rome antique)#Curateur de cité|curateurs de cité]] est créée soit par [[Domiziano]], soit par Trajan. Ils sont en tout cas attestés pour la première fois sous le règne de ce dernier mais restent peu nombreux jusqu'au règne d'[[Antonin le Pieux]]. Sous Trajan, le recours à cette institution semble rester exceptionnel. Ils sont surtout attestés en Italie puis dans les provinces sénatoriales<ref group=j>F. Jacques et J. Scheid, {{opcit}}, p.267.</ref>. En Orient, Trajan nomme des sénateurs prétoriens et consulaires avec pour mission de remettre en ordre la situation des cités. Les titolos qu'ils portent sont assez variés mais les historiens modernes les qualifient habituellement de « [[Corrector|correcteurs]] ». Ils peuvent avoir à charge la gestion de cités libres d'une province telle que l'[[Achaïe]] ou d'une subdivision de province comme le diocèse de [[Pergame]]. Les cités concernées sont autonomes et donc hors de la gestion directe du gouverneur de la province, et les nominations de correcteurs se font à titolo exceptionnel, donc sans mise en cause du statut privilégié des cités. Les correcteurs ont des pouvoirs similaires à ceux des curateurs de cités, et au moins dans certains cas des pouvoirs judiciaires que n'ont pas les curateurs de cités<ref group=j>F. Jacques et J. Scheid, {{opcit}}, p.269.</ref>.
L'empereur donne une plus grande autonomie fiscale aux provinces : la perception de la plupart des impôts indirects, à l'exception des douanes, est maintenant confiée à des ''{{lang|la|conductores}}'' de l’administration provinciale, c'est-à-dire de riches particuliers responsables des sommes dues<ref group=s name=MS73>M. Sartre, {{opcit}}, {{p.}}73.</ref>.
L'institution des [[Curateur (Rome antique)#Curateur de cité|curateurs de cité]] est créée soit par [[Domiziano]], soit par Trajan. Ils sont en tout cas attestés pour la première fois sous le règne de ce dernier mais restent peu nombreux jusqu'au règne d'[[Antonin le Pieux]]. Sous Trajan, le recours à cette institution semble rester exceptionnel. Ils sont surtout attestés en Italie puis dans les provinces sénatoriales<ref group=j>F. Jacques et J. Scheid, {{opcit}}, {{p.}}267.</ref>. En Orient, Trajan nomme des sénateurs prétoriens et consulaires avec pour mission de remettre en ordre la situation des cités. Les titolos qu'ils portent sont assez variés mais les historiens modernes les qualifient habituellement de « [[Corrector|correcteurs]] ». Ils peuvent avoir à charge la gestion de cités libres d'une province telle que l'[[Achaïe]] ou d'une subdivision de province comme le diocèse de [[Pergame]]. Les cités concernées sont autonomes et donc hors de la gestion directe du gouverneur de la province, et les nominations de correcteurs se font à titolo exceptionnel, donc sans mise en cause du statut privilégié des cités. Les correcteurs ont des pouvoirs similaires à ceux des curateurs de cités, et au moins dans certains cas des pouvoirs judiciaires que n'ont pas les curateurs de cités<ref group=j>F. Jacques et J. Scheid, {{opcit}}, {{p.}}269.</ref>.
Trajan tente d’accélérer le développement intérieur de l’Empire en multipliant le nombre de villes : en effet, celles-ci constituant dans l’État romain la plus petite unité administrative, leur multiplication facilite l’exercice du pouvoir. Ces villes conservent une certaine autonomie en matière de collecte d’impôts et de recrutement. La plupart de celles fondées sous Trajan se trouvent sur des frontières ou dans des zones récemment contrôlées par Rome, en [[Germanie inférieure]], au nord de la [[Germanie supérieure]], le long du moyen et bas [[Danube]], en [[Pannonie]], en [[Mésie]], en [[Dacie]], en [[Thrace]] et enfin en [[Numidie]]<ref group=n>Michael Zahrnt, « urbanitas gleich romanitas. Die Städtepolitik des Kaisers Trajan » dans A. Nünnerich-Asmus, {{opcit}}, {{pp.}}51–72, ici {{p.}}55.</ref>{{,}}<ref group=j>F. Jacques et J. Scheid, {{opcit}}, {{pp.}}277-278.</ref>.
À l'époque trajane, il existe deux types de {{citation|[[colonie (Rome)|colonies romaines]]}}. Elles sont fondées par déduction (''{{lang|la|deductio}}''), c'est-à-dire par un acte de création juridique et religieux. Le premier type est celui dit {{citation|de peuplement}}. La colonie est fondée ''{{lang|la|ex nihilo}}'' ou par ajout de colons dans une ville préexistante, en y installant des citoyens romains, souvent des vétérans de la campagne militaire ayant permis d'annexer la région où se trouve la colonie. Le deuxième type est la colonie dite {{citation|honoraire}}. C'est une cité à laquelle l'empereur donne le titolo de [[colonie (Rome)|colonie]] et le cadre institutionnel correspondant, sans pour autant y installer des colons. Cela constitue une promotion pour la cité et ses habitants. Le statut colonial honoraire se diffuse surtout à partir des Antonins et est attribué à des cités ayant auparavant reçues le statut de municipe. {{citation|L’obtention du statut colonial a pour résultat l’identification totale au modèle romain dans les institutions et les cultes de la cité<ref>Caroline Blonce et Madalina Dana, « Introduction », Cahiers « Mondes anciens », 2011 {{lire en ligne|url=http://mondesanciens.revues.org/617}}.</ref>}}.
De nombreuses fondations de [[colonie (Rome)|colonies de peuplement]] ainsi que de promotions de villes et cités ont lieu dans l'Occident romain, y compris les Balkans, jusqu'au règne de Trajan. Ses successeurs et lui concèdent aussi la dignité civique, notamment en Germanie, ce qui reste rare<ref group=j>F. Jacques et J. Scheid, {{opcit}}, {{p.}}222.</ref>.
[[File:Timgad rue.jpg|thumb|right|upright|alt=une rue pavée avec des colonnes nues de chaque côté s'étend vers un arc de triomphe au lointain.|L'[[Arc de Trajan (Timgad)|Arc dit {{citation|de Trajan}}]], {{s-|III|e}}, à Thamugadi, aujourd'hui [[Timgad]].]]
====== En Occident méridional ======
En [[Afrique romaine]], la conquête du pays, de la mer au désert, se termine sous Trajan, hormis les [[Maurétanie]]s. Trajan renforce globalement le [[Systèmes défensifs de l'Afrique romaine|''{{lang|la|limes}}'' africain]] par des forts<ref group=c>E. Cizek, {{opcit}}, 1983, p.92.</ref>. La Numidie méridionale est définitivement occupée militairement et la frontière est établie au sud de l'[[Aurès]]. En [[Numidie]], le gouverneur [[Lucius Munatius Gallus]] est chargé d’établir à [[Timgad#La derni.C3.A8re colonie de d.C3.A9duction en Afrique|Thamugadi]] la ''{{lang|la|Colonia Marciana Traiana}}'' en y installant les vétérans de la ''{{lang|la|[[legio III Augusta]]}}'' vers [[115]]-[[117]]<ref group=l name=CL82>C. Lepelley, « L'Afrique » dans C. Lepelley (dir.), {{opcit}}, p.82.</ref><ref name="LeRoux334">{{cita|Le Roux 1998|p. 334}}.</ref> La ville devient vite l'une des plus importantes d’Afrique du Nord. L'empereur établit un groupe de vétérans aux côtés d'une communauté numide à [[Tébessa]]. C'est le dernier empereur à déduire des colonies dans la région<ref group=l name=CL84>C. Lepelley, « L'Afrique » dans C. Lepelley (dir.), {{opcit}}, p.84.</ref>.
Sous le règne de Trajan puis de ses successeurs, [[Leptis Magna]], [[Hadrumète|Hadrumetum]] et peut-être [[Lamta|Leptis Minus]] se romanisent et prospèrent rapidement. Leur statut est relevé à celui de colonies honoraires ou de [[municipe]]s<ref group=r name=PR271/>{{,}}<ref group="l" name="CL84" />. Il promeut aussi des villes de la [[Cirta|confédération cirtérenne]],<ref name="LeRoux271">{{cita|Le Roux 1998|p. 271}}.</ref> hormis Cirta, sans rompre le lien avec cette cité. La politique africaine menée par Trajan est {{citation|hardie et dynamique}}, et on peut parler d'une {{citation|romanisation sélective et autoritaire}} afin de répondre à des objectifs stratégiques<ref group=l name=CL85>C. Lepelley, « L'Afrique » dans C. Lepelley (dir.), {{opcit}}, p.85.</ref>.
En [[Afrique romaine]], la conquête du pays, de la mer au désert, se termine sous Trajan, hormis les [[Maurétanie]]s. Trajan renforce globalement le [[Systèmes défensifs de l'Afrique romaine|''{{lang|la|limes}}'' africain]] par des forts<ref group=c>E. Cizek, {{opcit}}, 1983, {{p.}}92.</ref>. La Numidie méridionale est définitivement occupée militairement et la frontière est établie au sud de l'[[Aurès]]. En [[Numidie]], le gouverneur [[Lucius Munatius Gallus]] est chargé d’établir à [[Timgad#La derni.C3.A8re colonie de d.C3.A9duction en Afrique|Thamugadi]] la ''{{lang|la|Colonia Marciana Traiana}}'' en y installant les vétérans de la ''{{lang|la|[[legio III Augusta]]}}'' vers [[115]]-[[117]]<ref group=l name=CL82>C. Lepelley, « L'Afrique » dans C. Lepelley (dir.), {{opcit}}, {{p.}}82.</ref>{{,}}<ref group=r name=PR334>P. Le Roux, {{opcit}}, {{p.}}334.</ref>. La ville devient vite l'une des plus importantes d’Afrique du Nord. L'empereur établit un groupe de vétérans aux côtés d'une communauté numide à [[Tébessa]]. C'est le dernier empereur à déduire des colonies dans la région<ref group=l name=CL84>C. Lepelley, « L'Afrique » dans C. Lepelley (dir.), {{opcit}}, {{p.}}84.</ref>.
Sous le règne de Trajan puis de ses successeurs,Les [[LeptisHispanie Magna]], [[Hadrumète|Hadrumetum]] et peut-être [[Lamtaromaine|Leptisprovinces Minushispaniques]] sesont romanisentpolitiquement et prospèrentéconomiquement rapidement.stables Leurdepuis statutla estfin relevédu à{{-s-|I|er}} celuiet devivent coloniessous honorairesune oupaix deprofonde d'[[municipeAuguste]]s<ref group=rà name=PR271/>{{,}}[[Marc Aurèle]]<ref group="l" name="CL84" />D. IlNony, promeut« aussiLes desprovinces villeshispaniques de» ladans [[Cirta|confédérationC. cirtérenne]]<refLepelley group=r name=PR271>P(dir. Le Roux), {{opcit}}, {{ppp.}}271113 et 118.</ref>, hormis Cirta, sans rompre le lien avec cette cité. LaBien politiqueque africainela menéefamille parde Trajan estsoit {{citation|hardieétablie eten dynamique}}Bétique, etil onne peutsemble parlerpas d'uneque {{citation|romanisationles sélectiveHispaniques etse autoritaire}}voient afinaccorder de répondrenombreux àprivilèges despar objectifs stratégiquesl'empereur<ref group=l name=CL85>CD. LepelleyNony, « L'AfriqueLes provinces hispaniques » dans C. Lepelley (dir.), {{opcit}}, {{p.}}85137.</ref>.
Les [[Hispanie romaine|provinces hispaniques]] sont politiquement et économiquement stables depuis la fin du {{-s-|I|er}} et vivent sous une paix profonde d'[[Auguste]] à [[Marc Aurèle]]<ref group=l>D. Nony, « Les provinces hispaniques » dans C. Lepelley (dir.), {{opcit}}, {{pp.}}113 et 118.</ref>. Bien que la famille de Trajan soit établie en Bétique, il ne semble pas que les Hispaniques se voient accorder de nombreux privilèges par l'empereur<ref group=l>D. Nony, « Les provinces hispaniques » dans C. Lepelley (dir.), {{opcit}}, {{p.}}137.</ref>.
====== En Occident septentrional ======
[[File:Carte illustrative Politique provinciale Trajan.png|thumb|upright=1.3|Carte illustrant la politique provinciale de Trajan, avec les colonies déduites (point jaune) et les villes promues (point noir). ''Illustratif et non exhaustif''.<br>{{Début de colonnes|nombre=2}}{{Légende/Début}}{{Légende double|#DC0000|#DC0000|Province impériale.}}{{Légende double|#ED9E9E|#ED9E9E|Province sénatoriale.}}{{Légende double|#FF7F27|#FF7F27|Province conquise.}}{{Légende double|#FFC90E|#FFC90E|Province créée ou subdivisée.}}{{Légende double|#FFF9BD|#FFF9BD|Territoires clients.}}{{Légende/Fin}}{{Fin de colonnes}}]]
En [[Bretagne (provincia romana)|Bretagne]], il organise les zones déjà conquises, consolide la frontière et établit des camps fortifiés qui préfigurent les réalisations du [[mur d'Hadrien]]<ref group=c>E. Cizek, {{opcit}}, 1983, {{p.}}382.</ref>. En effet, vers l'an [[100]], les forces romaines semblent défendre la frontière septentrionale au niveau du futur mur.<ref group=r name=PR70"LeRoux70">P. {{cita|Le Roux, {{opcit}}, {{1998|p. 70}}70.</ref>. Pendant son principat, la situation militaire y reste stable mais son successeur est confronté à des troubles dès le début de son règne<ref group=l name=CL213>P. Southern, « La Bretagne » dans C. Lepelley (dir.), {{opcit}}, {{p.}}213.</ref>.
En [[Germanie inférieure]], Trajan fonde la ''{{lang|la|[[Colonia Ulpia Traiana]]}}'' par déduction de vétérans<ref group=r name=PR334/> ou encore ''{{lang|la|[[Ulpia Noviomagus Batavorum]]}}'' qui devient la capitale des [[Bataves]]. Afin d’assurer l’allégeance des tribus rhénanes, des [[Troupes auxiliaires|unités barbares]] sont incorporées dans la cavalerie de l’armée impériale<ref group=r name=PR265/>{{,}}<ref groupname="Petit216">{{cita|Petit 1974|p. name=PP216216}}.</ref>.
En [[Germanie supérieure]], le redéploiement des forces le long du ''{{lang|la|[[limes]]}}'' donne naissance à l'organisation civique de la province. Dans la région située entre le [[Rhin]], le [[Neckar]] et le [[Main]], est créée la ''{{lang|la|Civitas Mattiacorum}}'' avec [[Wiesbaden#Histoire|Aquae Mattiacorum]] comme capitale, la ''{{lang|la|Civitas Ulpia Sueborum Nicrensium}}'' avec [[Ladenburg#Histoire|Lopodunum]] comme ville principale et la ''{{lang|la|Civitas Taunensium}}'' avec [[Heddernheim (Francfort-sur-le-Main)|Nida]] pour capitale.<ref group=r name=PR265"LeRoux265">P. {{cita|Le Roux, {{opcit}}, {{1998|p. 265}}265.</ref>{<ref name="Petit216"/>
====== Dans les Balkans ======
En [[Pannonie]], les soldats de la ''{{lang|la|[[legio XIII Gemina]]}}'', qui ont participé à une des deux [[guerres daciques de Trajan|guerres daciques]], fondent la ''{{lang|la|[[Ptuj|Colonia Ulpia Traiana Poetovio]]}}''. La Pannonie est divisée en deux provinces, sans doute en [[106]] dès la fin des [[guerres daciques de Trajan|guerres daciques]] : [[Carnuntum]] devient la capitale de la province supérieure tandis qu'[[Aquincum]] est celle de la province inférieure. ''[[Sirmium]]'', jusque-là en Mésie, est rattachée à la Pannonie inférieure.<ref group=r name=PR240"LeRoux240">P. {{cita|Le Roux, {{opcit}}, {{1998|p. 240}}240.</ref>.
En [[Dacie romaine|Dacie]], ''{{lang|la|[[Ulpia Traiana Sarmizegetusa|Colonia Ulpia Traiana Augusta Sarmizegetusa Dacica]]}}'' est fondée par déduction de vétérans<ref group=r name=PR334/>. Des légions sont installées à [[ReșițaRe?i?a|Berzobis]] et à [[Apulum]] et des garnisons sont placées dans les plaines du [[Banat roumain|Banat]] et de [[Valachie]]<ref group=l name=CL265>J. Wilkes, « Les provinces danubiennes » dans C. Lepelley (dir.), {{opcit}}, {{pp.}}265-266.</ref>. Trajan établit une nouvelle organisation pour l'extraction des minerais de la région du Danube, concédant des baux à des entrepreneurs. Cela assure une production locale de très haut niveau pendant plus d'un siècle<ref group=l name=CL278>J. Wilkes, « Les provinces danubiennes » dans C. Lepelley (dir.), {{opcit}}, {{p.}}278.</ref>.
En [[Mésie]], l'empereur fonde un certain nombre de villes ''{{lang|la|ex nihilo}}''. C'est le cas de ''{{lang|la|[[Nicopolis ad Istrum]]}}'', de ''{{lang|la|[[Marcianopolis]]}}'' et de ''{{lang|la|[[Bataille d'Adamclisi|Tropaeum Traiani]]}}''. Cette dernière est fondée en [[109]] en tant que ''{{lang|la|[[vicus]]}}'' pour des vétérans près du champ de la [[bataille d'Adamclisi]] où les Daces et leurs alliés ont été vaincus lors de la [[guerres daciques de Trajan|première guerre dacique]]. Les deux autres villes ont directement le statut de cités<ref group=s name=MS238/>. Nicopolis est fondée dès [[102]] au lendemain d'une autre victoire contre les Daces.<ref group=s name=MS232>M. Sartre, {{opcit}},cita|Sartre {{1997|p. 232}}232.</ref>. [[Oescus]], jusque-là un grand [[camp romain]], devient une [[colonie (Rome)|colonie]], ''{{lang|la|Colonia Ulpia Oescus}}'', après [[112]]<ref group=s name=MS238>M. Sartre, {{opcit}},cita|Sartre {{1997|p. 238}}238.</ref>. De plus, c'est sans doute durant le règne de Trajan qu'est mis en place le [[culte impérial]] en Mésie inférieure.<ref group=s name=MS94>M. Sartre, {{opcit}},cita|Sartre {{1997|p. 94}}94.</ref>.
Sur la côte occidentale de la [[Mer Noire]], dans la province de Mésie inférieure, Trajan forme un ''{{lang|la|[[conventus juridici]]}}'' à [[Mangalia|Callatis]], dans une zone jusque-là peu contrôlée par Rome. L'empereur encourage la colonisation, soucieux de peupler une région déserte à cette époque et nécessaire pour le développement des garnisons romaines situées sur le Bas-Danube.<ref group=s name=MS241>M. Sartre, {{opcit}},cita|Sartre {{1997|p. 241}}241.</ref>. [[Tyras]], beaucoup plus au nord sur la côte, reçoit sans doute une garnison romaine à la suite des [[Guerres daciques de Trajan|guerres daciques]].<ref group=s name=MS240>M. Sartre, {{opcit}},cita|Sartre {{1997|p. 240}}240.</ref>.
[[File:Antique-theater-plovdiv.jpg|thumb|right|upright|alt=théâtre semi-circulaire en pierre blanche, avec une scène en bois, et à gauche un mur de scène incomplet fait de colonnes et de cloisons.|Le [[théâtre romain de Plovdiv]], construit sous le règne de Trajan.]]
En [[Thrace]], Trajan transfère en grande partie l’administration de la province aux villes nouvellement créées, supprimant les districts hérités de l'ancien royaume, à l'image de l'organisation de la province hellénistique d'[[Asie (provincia romana)|Asie]]<ref group=j name=FJ224>F. Jacques et J. Scheid, {{opcit}}, {{p.}}224.</ref>{{,}}<ref group=l name=CL271>J. Wilkes, « Les provinces danubiennes » dans C. Lepelley (dir.), {{opcit}}, {{p.}}271.</ref>. Parmi les villes créées sous Trajan, on peut citer ''{{lang|la|[[Nicopolis ad Nestum]]}}'', ''{{lang|la|Ulpia Parthicopolis}}'' dans la basse vallée du [[Strymon]], ''{{lang|la|[[Stara Zagora|Augusta Traiana]]}}'' et ''{{lang|la|[[Didymotique|Plotinopolis]]}}'', dont la localisation n'est pas sûre. L'empereur promeut sans doute les villes de [[Serdica]] et [[Kyoustendil|Pautalia]] au rang de cité, ces deux villes prennent en tout cas l'épithète {{citation|''{{lang|la|Ulpia}}''}}, tout comme ''{{lang|la|[[Pomorié|Ulpia Anchialos]]}}'',<ref group=s name=MS233>M. Sartre, {{opcit}},cita|Sartre {{1997|p. 233}}233.</ref>{{,}}<ref group=l name=CL271/>. Il s'agit d'une réforme générale, puisque la province change de statut sous l'empereur, devenant une [[provincia romana|province impériale]] sous la garde d'un [[légat d'Auguste propréteur]] alors que c'était une province confiée à un [[procurateur]] depuis l'annexion du royaume client sous [[Claude (empereur romain)|Claude]]. Cela montre l'accélération de l'intégration de la province dans l'Empire.<ref group=s>M. Sartre, {{opcit}},cita|Sartre {{1997|pp.}} 228-229}}.</ref>{{,}}<ref group=j name=FJ224/>.
La création de la province proprétorienne d'[[Épire]] est parfois placée à la fin du règne de [[Néron]], et plus souvent sous le règne de Trajan. Elle aurait en effet été fondée peu après l'an [[108]]<ref group=l>P. Cabanes, « Le monde grec européen et la Cyrénaïque » dans C. Lepelley (dir.), {{opcit}}, {{pp.}}305-306.</ref>. En [[Achaïe (provincia romana)|Achaïe]], [[Modon|Mothoné]] de [[Messénie]] devient une cité libre sur décision de l'empereur.<ref group=s name=MS189>M. Sartre, {{opcit}},cita|Sartre {{1997|p. 189}}189.</ref>. L'île [[Astypalea]], dans la [[mer Égée]], recouvre la liberté, rétablissant là un privilège aboli au {{s-|I|er}}<ref group=j>F. Jacques et J. Scheid, {{opcit}}, {{p.}}228.</ref>.
====== En Orient ======
En [[Cappadoce]], il promeut [[Mélitène]] au rang de cité tandis qu'il favorise ''{{lang|la|Selinous Traianopolis}}'' en [[Cilicie|Cilicie Trachée]]<ref group=s name=MS111/>. En [[114]], le [[Pont Polémoniaque]] ainsi que celui Galatique sont détachés de la [[Galatie]], difficiles à administrer depuis [[Ancyre]], et sont rattachés à la [[Cappadoce]]. Trajan compense cette perte de débouché maritime en rattachant plusieurs cités côtières à la Galatie, dont [[Sinop (ville)|Sinope]] et [[Amisos]]. L'annexion de l'[[Royaume d'Arménie|Arménie]] en [[114]] amène l’empereur à rattacher cette région à la Cappadoce, un procurateur étant nommé en Arménie pour l'administration fiscale du nouveau district<ref group=l name=CL340>M. Sartre, « Les provinces anatoliennes » dans C. Lepelley (dir.), {{opcit}}, p.340.</ref>.
Dans l'[[Arabie Pétrée]] nouvellement conquise, Trajan fait tracer une route entre [[107]]/[[111]] et [[114]]/[[115]], la ''{{lang|la|[[Via Nova Traiana]]}}'', qui évite le désert et permet de rejoindre la [[mer Rouge]] depuis la province de [[Syrie (provincia romana)|Syrie]]<ref>{{cita|Sartre 1997|p. 67}}.</ref> Les villes indigènes de [[Pétra]] et [[Bostra]] ont reçu le rang de cités.<ref>{{cita|Sartre 1997|p. 111}}.</ref> L'empereur renomme Bosra, alors appelée ''{{lang|la|Bostra}}'', en ''{{lang|la|Nea Traiane Bostra}}'', ou {{citation|Nouvelle Bostra de Trajan}} et [[Pétra]] reçoit le titolo honorifique de métropole (''{{lang|la|metropolis}}'') au même moment<ref>Christian Augé et Jean-Marie Dentzer, ''Pétra, la cité des caravanes'', Gallimard, coll. « [[Découvertes Gallimard]] / Archéologie » ([[Liste des volumes de « Découvertes Gallimard » (2e partie)|{{n°|372}}]]), 1999, page 119.</ref>{{,}}<ref>Dominique Hollard, ''Revue numismatique'', 2004, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/numi_0484-8942_2004_num_6_160_2556 « Le monnayage de la Legio III Cyrenaica frappé à Bostra sous Antonin le Pieux », p.156].</ref><ref">{{cita|Sartre 1997|p. 304}}.</ref> [[Aulus Cornelius Palma Frontonianus|Aulus Cornelius Palma]] engage des travaux dans sa province de Syrie et dans les terres nouvellement annexées. Par ses soins, [[Qanaouat|Canatha]], ainsi que d'autres cités, fait l'objet d'importants travaux d'adduction d'eau, grâce à des captages réalisés dans la montagne proche<ref>Maurice Dunand, ''Syria'', 1930, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1930_num_11_3_3489 « Kanata et Kanaqa », p.272].</ref>{{,}}<ref>Maurice Sartre, ''Syria'', 1981, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1981_num_58_3_6742 « Le territoire de Canatha », p.344].</ref>{{,}}<ref>Frank Braemer, ''Syria'', 1988, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1988_num_65_1_7101 « Prospections archéologiques dans le Hawran », p.134].</ref>. Une voie romaine reliant [[Pétra]] à [[Gérasa]] paraît dater de l'époque de l'annexion, tout comme la construction ou la réfection d'un aqueduc à Pétra<ref>{{ouvrage|auteur1=Daniel Panzac|titolo=Histoire économique et sociale de l'Empire Ottoman et de la Turquie (1326-1960)|éditeur=Peeters|année=1995|passage=657}}.</ref>. Le grand ''{{lang|la|[[cardo]]}}'' de Gérasa semble être du début du règne, tandis que la porte nord date de la fin du principat de Trajan.<ref>{{cita|Sartre 1997|p. 326}}.</ref>
En [[Cappadoce]], il promeut [[Mélitène]] au rang de cité tandis qu'il favorise ''{{lang|la|Selinous Traianopolis}}'' en [[Cilicie|Cilicie Trachée]]<ref group=s name=MS111/>. En [[114]], le [[Pont Polémoniaque]] ainsi que celui Galatique sont détachés de la [[Galatie]], difficiles à administrer depuis [[Ancyre]], et sont rattachés à la [[Cappadoce]]. Trajan compense cette perte de débouché maritime en rattachant plusieurs cités côtières à la Galatie, dont [[Sinop (ville)|Sinope]] et [[Amisos]]. L'annexion de l'[[Royaume d'Arménie|Arménie]] en [[114]] amène l’empereur à rattacher cette région à la Cappadoce, un procurateur étant nommé en Arménie pour l'administration fiscale du nouveau district<ref group=l name=CL340>M. Sartre, « Les provinces anatoliennes » dans C. Lepelley (dir.), {{opcit}}, {{p.}}340.</ref>.
En [[Période romaine de l'Égypte|Égypte]], il fait étendre la surface des terres cultivables et rétablit l'approvisionnement en impôt des caisses de Rome.<ref>{{cita|Sartre 1997|p. 404}}.</ref> Certains historiens attribuent à Trajan la construction, ou au moins l'agrandissement, de la [[Forteresse de Babylone du Caire|forteresse de Babylone]] en Égypte<ref>{{ouvrage|auteur1=A. J. Butler|lang=en|titolo={{lang|en|Babylon of Egypt: A study in the history of Old Cairo}}|lieu=Oxford|éditeur=Clarendon Press|année=1914|passage=5}}.</ref>. L'empereur ordonne en tout cas la construction d'un canal reliant la [[mer Rouge]] au [[Nil]]<ref group=l name=CL448>J. Mélèze-Modrzejewski, « L'Égypte » dans C. Lepelley (dir.), {{opcit}}, p.448.</ref>.
Dans l'[[Arabie Pétrée]] nouvellement conquise, Trajan fait tracer une route entre [[107]]/[[111]] et [[114]]/[[115]], la ''{{lang|la|[[Via Nova Traiana]]}}'', qui évite le désert et permet de rejoindre la [[mer Rouge]] depuis la province de [[Syrie (provincia romana)|Syrie]]<ref group=s name=MS67>M. Sartre, {{opcit}}, {{p.}}67.</ref>. Les villes indigènes de [[Pétra]] et [[Bostra]] ont reçu le rang de cités<ref group=s name=MS111>M. Sartre, {{opcit}}, {{p.}}111.</ref>. L'empereur renomme Bosra, alors appelée ''{{lang|la|Bostra}}'', en ''{{lang|la|Nea Traiane Bostra}}'', ou {{citation|Nouvelle Bostra de Trajan}} et [[Pétra]] reçoit le titolo honorifique de métropole (''{{lang|la|metropolis}}'') au même moment<ref>Christian Augé et Jean-Marie Dentzer, ''Pétra, la cité des caravanes'', Gallimard, coll. « [[Découvertes Gallimard]] / Archéologie » ([[Liste des volumes de « Découvertes Gallimard » (2e partie)|{{n°|372}}]]), 1999, page 119.</ref>{{,}}<ref>Dominique Hollard, ''Revue numismatique'', 2004, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/numi_0484-8942_2004_num_6_160_2556 « Le monnayage de la Legio III Cyrenaica frappé à Bostra sous Antonin le Pieux », {{p.}}156].</ref>{{,}}<ref group=s>M. Sartre, {{opcit}}, {{p.}}304.</ref>. [[Aulus Cornelius Palma Frontonianus|Aulus Cornelius Palma]] engage des travaux dans sa province de Syrie et dans les terres nouvellement annexées. Par ses soins, [[Qanaouat|Canatha]], ainsi que d'autres cités, fait l'objet d'importants travaux d'adduction d'eau, grâce à des captages réalisés dans la montagne proche<ref>Maurice Dunand, ''Syria'', 1930, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1930_num_11_3_3489 « Kanata et Kanaqa », {{p.}}272].</ref>{{,}}<ref>Maurice Sartre, ''Syria'', 1981, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1981_num_58_3_6742 « Le territoire de Canatha », {{p.}}344].</ref>{{,}}<ref>Frank Braemer, ''Syria'', 1988, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1988_num_65_1_7101 « Prospections archéologiques dans le Hawran », {{p.}}134].</ref>. Une voie romaine reliant [[Pétra]] à [[Gérasa]] paraît dater de l'époque de l'annexion, tout comme la construction ou la réfection d'un aqueduc à Pétra<ref>{{ouvrage|auteur1=Daniel Panzac|titolo=Histoire économique et sociale de l'Empire Ottoman et de la Turquie (1326-1960)|éditeur=Peeters|année=1995|passage=657}}.</ref>. Le grand ''{{lang|la|[[cardo]]}}'' de Gérasa semble être du début du règne, tandis que la porte nord date de la fin du principat de Trajan<ref group=s>M. Sartre, {{opcit}}, {{p.}}326.</ref>.
En [[Période romaine de l'Égypte|Égypte]], il fait étendre la surface des terres cultivables et rétablit l'approvisionnement en impôt des caisses de Rome<ref group=s>M. Sartre, {{opcit}}, {{p.}}404.</ref>. Certains historiens attribuent à Trajan la construction, ou au moins l'agrandissement, de la [[Forteresse de Babylone du Caire|forteresse de Babylone]] en Égypte<ref>{{ouvrage|auteur1=A. J. Butler|lang=en|titolo={{lang|en|Babylon of Egypt: A study in the history of Old Cairo}}|lieu=Oxford|éditeur=Clarendon Press|année=1914|passage=5}}.</ref>. L'empereur ordonne en tout cas la construction d'un canal reliant la [[mer Rouge]] au [[Nil]]<ref group=l name=CL448>J. Mélèze-Modrzejewski, « L'Égypte » dans C. Lepelley (dir.), {{opcit}}, {{p.}}448.</ref>.
[[File:ForumRomanumRoma.jpg|left|upright|thumb|alt=dessin avec au premier plan à gauche, une fontaine ; derrière elle, l'angle d'un bâtiment dont on voit trois colonnes et qui porte une statue équestre ; au fond à gauche, derrière une colonnade, un bâtiment dont émerge une haute colonne décorée.|Dessin d'une vue reconstituée des abords de la [[colonne Trajane]], encyclopédie allemande éditée par [[Joseph Kürschner]], 1891.]]
===== Sa politique économique et financière =====
En [[107]], Trajan dévalue la [[monnaie romaine]]. Il diminue la pureté d'argent du [[Denier (monnaie)|denier]] de 93,5 % à 89 % - le poids réel de l'argent passant de {{unité|3.04|g}} à {{unité|2.88|g}}<ref>{{en}} Tulane University, ''Roman Currency of the Principate'', Tulane.edu {{lire en ligne|lien=http://www.tulane.edu/~august/handouts/601cprin.htm}}.</ref>. Cette dévaluation, couplée à l'énorme quantité d'or et d'argent rapportée des [[guerres daciques de Trajan|guerres daciques]], autorise l'empereur à produire une plus grande quantité de deniers que ses prédécesseurs. De plus, il abaisse aussi la valeur de l'or de l'ordre de 15 % à 25 % grâce au considérable butin en or ainsi qu'aux nouvelles mines, et il rétablit un cours plus normal entre l’argent et l’or.<ref name="Petit167"/>
Les dépenses sous son règne sont considérables : des campagnes militaires avec douze à quatorze [[légion romaine|légions]] et de très nombreuses [[troupes auxiliaires]] engagées, de grandioses constructions de monuments, l'organisation de nombreux jeux pour le peuple de Rome, le financement des ''{{lang|la|alimenta}}'' et l'aménagement de routes en provinces.<ref name=PP167"Petit167">{{cita|Petit group=1974|p. 167}}.</ref>. S'ajoutent à cela la diminution de certaines recettes, en raison, notamment, de l’allégement de la taxe sur les successions et de la suppression d'une partie des dettes revenant au fisc.<ref group=m name=JPM282"Martin282"/>{{,}}<ref name=PP167 group=p"Petit167"/>.
Certes, le butin de la guerre de Dacie est colossal, ainsi que le revenu des nouvelles mines d'or de cette province,<ref name="Petit168">{{cita|Petit 1974|p. 168}}.</ref> mais Trajan n’enrichit pas le Trésor par la confiscation des biens des exilés et autres condamnés comme ses prédécesseurs [[Julio-Claudiens|julio-claudiens]] ou [[flaviens]].<ref name=PP167 group=p"Petit167"/>. De plus, le bilan humain des guerres de Trajan est lourd, certaines régions telle l'Hispanie se trouvant partiellement dépeuplées d'hommes dans la force de l'âge ; l'Orient souffre des préparatifs des guerres parthiques et est dévasté par la [[guerre de Kitos|grande révolte judéo-parthe]].<ref name="Petit227">{{cita|Petit 1974|p. 227}}.</ref><ref group=s name=MSx2>M. Sartre, {{opcit}},cita|Sartre {{1997|pp.}} 384-385}}.</ref> Ainsi, à la fin du règne, la situation économique de l’Empire n'est guère florissante.<ref name=PP227"Petit227">{{cita|Petit group=1974|p. 227}}.</ref>.
===== Trajan et les chrétiens=====
La correspondance entre [[Pline le Jeune]] et Trajan concernant les [[chrétiens]] est précieuse car il s’agit d’une des rares sources à caractère officiel qui ne soit pas d’origine chrétienne<ref>{{ouvrage|auteur1=Joachim Molthagen|lang=en|titolo={{lang|en|Christen in der nichtchristlichen Welt des Römischen Reiches der Kaiserzeit (1.–3. Jahrhundert). Ausgewählte Beiträge aus Wissenschaft und kirchlicher Praxis}}|éditeur=Sankt Katharinen|année=2005|passage=116–145, ici {{p.| 116}}}}.</ref>.
Pline, s’adressant à l’empereur, demande des conseils sur des problèmes sensibles qu’il rencontre dans son gouvernement de la province. Concernant les chrétiens, contre lesquels Pline a reçu des dénonciations anonymes, il se demande quelle attitude adopter et ce qui doit être puni : le fait d’être chrétien (''{{Lang|la|nomen Christianum}}'') ou les crimes qui y sont associés (''{{Lang|la|flagitia cohaerentia nomini}}''). Pline cherche à savoir également jusqu’où doit aller le travail d’enquête et les interrogatoires qui fournissent les preuves (''{{Lang|la|quatenus quaeri soleat}}'')<ref group=a>[[Pline le Jeune]], ''Lettres'', X, 96.</ref>.
==== Sa politique dynastique ====
[[File:Trajan Divi Nerva.jpg|thumb|right|upright|alt=pièce de monnaie en or ; d'un côté, buste d'un jeune homme de profil ceint de laurier, entouré d'inscriptions ; de l'autre, deux bustes d'hommes, dont l'un âgé, qui se font face.|''[[Aureus]]'', vers [[115]]. À droite, le père naturel de Trajan, [[Marcus Ulpius Traianus]] et à gauche, son père adoptif, [[Nerva]].]]
Trajan est déjà marié avant son [[Adoption en droit romain|adoption]], depuis [[75]]/[[76]], avec ''{{lang|la|Pompeia Plotina}}'' dite [[Plotine]]. Elle reçoit le titolo d’''{{lang|la|[[Augusta (titolo honorifique)|Augusta]]}}'' en [[105]]. Ce mariage ne donne naissance à aucun héritier<ref group=m name=JPM229/>. Pour autant, Trajan n’a jamais semblé vouloir divorcer, Plotine étant riche et instruite<ref name=HilPlt/>{{,}}<ref>Gérard Minaud, ''Les vies de 12 femmes d’empereur romain'', Paris, L’Harmattan, 2012, ch. 6, « La vie de Plotine, femme de Trajan », {{p.}}159.</ref>. Cette infécondité de Plotine n’est pas vraiment un handicap pour la succession puisque, selon l’idée que le meilleur doit accéder au trône (succession par adoption), un fils biologique pourrait se révéler un obstacle<ref name=HilPlt>{{de}} Hildegard Temporini-Gräfin Vitzthum, « Die Familie der Adoptivkaiser von Traian bis Commodus » dans Hildegard Temporini-Gräfin Vitzthum (Hrsg.), ''Die Kaiserinnen Roms. Von Livia bis Theodora'', Munich, 2002, {{pp.}}187–264, ici {{p.}}190.</ref>.
La sœur de Trajan, [[Ulpia Marciana]], décédée le [[29 août]] [[112]], est divinisée peu après sa mort sur décision du [[Sénat de l'Empire romain|Sénat]]. Dans le même temps, sa fille, [[Salonina Matidia]], reçoit à son tour le titolo d’''{{lang|la|[[Augusta (titolo honorifique)|Augusta]]}}''. Entre mai [[113]] et [[114]], le père de Trajan est également déifié,<ref group=k name=KS53"Strobel53">K. Strobel, {{opcit}},cita|Strobel 2010, {{|p. 53}}53.</ref>, faisant de Trajan le fils de deux pères déifiés, cas unique dans l’histoire de l’Empire romain.
[[File:Head of Publius Aelius Traianus Hadrianus in Museo Nazionale Romano.jpg|thumb|left|upright|alt=tête d'homme barbu aux cheveux courts, en pierre blanche polie.|Portrait d'[[Hadrien]].]]
[[Salonina Matidia]] et ses filles [[Sabine (épouse d'Hadrien)|Vibia Sabina]] et Matidia la Jeune jouent un rôle important dans la politique dynastique de Trajan. Sabine se marie en [[100]] à [[Hadrien]], faisant de lui le plus proche parent mâle de Trajan, et donc le candidat idéal à la succession. Depuis qu’il a dix ans, Hadrien a été placé sous la tutelle de Trajan et de [[Publius Acilius Attianus]]. Mais il faut attendre la mort de Trajan pour que celui-ci, directement ou par l’intermédiaire de Plotine et d'Attianus, l’adopte. Bien qu'il reste des doutes sur la réalité de cette adoption, Trajan a désigné, à l'attention générale mais de manière informelle, son petit-neveu comme successeur.<ref group=m name=JPM230"Martin230">J.-P. Martin, {{opcit}},cita|Martin {{2006|p. 230}}230.</ref>.
Hadrien est deux fois lié à Trajan : une de ses arrière-grands-mères est la tante de Trajan, et il a donc épousé la petite-nièce de l'empereur en [[100]]. Il est fait [[questeur (Rome antique)|questeur]] de l'empereur dès [[101]], à l'âge minimal légal, puis il participe à la première guerre dacique où il est décoré ; il est ensuite [[tribun de la plèbe]] en [[105]] puis [[préteur]] avant l'âge, alors qu'il est absent de Rome. Trajan le met ensuite à la tête d'une légion lors de la deuxième guerre dacique et il devient [[consul (Rome antique)|consul]] ''{{lang|la|suffect}}'' dès [[108]], une nouvelle fois avant l'âge. Après la mort de [[Lucius Licinius Sura]] cette même année, c'est lui qui écrit les discours de l'empereur, et il est à nouveau aux côtés de Trajan dans les campagnes parthiques,<ref group=m name=JPM230"Martin230"/>, ce dernier lui laissant le commandement de la puissante armée d'Orient peu avant de décéder.<ref groupname="Petit220">{{cita|Petit 1974|p. name=PP220220}}.</ref>.
==== La guerre contre les Parthes ====
[[File:CVT APX Amphitheater Traiansstatue.jpg|thumb|right|upright|alt=dans un bâtiment de briques, statue d'homme debout en uniforme militaire, tendant la main droite qui tient un rouleau.|Trajan en ''{{lang|la|imperator}}'', dans l'[[amphithéâtre de Xanten]], anciennement la ''[[Colonia Ulpia Traiana]]''.]]
{{Vedi anche|Campagne partiche di Traiano}}
{{Article détaillé|Guerre parthique de Trajan}}
===== Le ''{{lang|la|casus belli}}'' =====
Depuis des décennies, la mise en place d’un [[Liste des rois d'Arménie|roi en Arménie]] conduit à de graves tensions entre Rome et les [[Parthes]]. La [[Royaume d'Arménie|Grande-Arménie]] est considérée comme un royaume client de Rome, bien que les Parthes en revendiquent le contrôle. Déjà sous [[Auguste]], les premiers conflits armés opposaient les Romains aux Parthes pour la suprématie sur l’Arménie. À la suite de la [[guerre romano-parthique de 58-63|guerre de 63]], un roi arménien, [[Tiridate Ier d'Arménie|Tiridate]], est confirmé sur son trône par Rome.
Mais [[Khosrô Ier de Parthie|Chosroès]], roi parthe, tente d’étendre son influence sur l’Arménie, et en [[113]] renverse et remplace le roi arménien [[Axidarès d'Arménie|Axidarès]] sans le consentement de Trajan<ref group=s name=MS38/>. Ce faisant, il offre aux Romains une occasion de déclaration de guerre, en bafouant le [[traité de Rhandeia]], ou plutôt un prétexte, comme le dit [[Dion Cassius]] pour qui la véritable motivation de Trajan n’est autre que la recherche de la gloire<ref group=a>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre68.htm livre LXVIII, 17].</ref> et la volonté d’imiter [[Alexandre le Grand]] (''sogenante Alexander-imitatio'')<ref group=a>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre68.htm livre LXVIII, 29-30].</ref>.
Cette évaluation critique de la politique expansionniste de Trajan montre que la déclaration de guerre ne fait pas l’unanimité à Rome. Le fait que Trajan a planifié la conquête de l’[[Royaume d'Arménie|Arménie]] et de la [[Mésopotamie (provincia romana)|Mésopotamie]] dès [[111]] n’est pas prouvé mais cette hypothèse paraît, pour de nombreux historiens, assez raisonnable<ref name=FAL/>. Parmi les raisons de cette guerre, on peut avancer des motifs économiques (contrôle des routes commerciales qui traversent la Mésopotamie) et des considérations militaires (sécurisation des frontières orientales)<ref name=FAL>{{en}} Frank A. Lepper, ''Trajan’s Parthian war'', Oxford, 1948, {{pp.}}158–204.</ref>{{,}}<ref>Julien Guey, ''Essai sur la guerre parthique de Trajan (114–117)'', Bucarest, 1937, {{pp.}}19 et suivantes.</ref>{{,}}<ref>{{de}} Klaus Schippmann, ''Grundzüge der parthischen Geschichte'', Darmstadt, 1980, {{p.}}60.</ref>.
{{Animation | float = right | upright = 1.5 | style=border:0px;background-color:white; | Parthian war trajan 110.png |Situation en Orient vers [[110]].<br/>  | Parthian war trajan 114-115.png|Carte de l'[[Royaume d'Arménie|Arménie]] et de la [[Mésopotamie (provincia romana)|Mésopotamie]] montrant les mouvements de troupes pour les années [[114]] et [[115]]. | Parthian war trajan 115-116.png | Carte de l'[[Royaume d'Arménie|Arménie]] et de la [[Mésopotamie (provincia romana)|Mésopotamie]] montrant les mouvements de troupes pour les années [[115]] et [[116]]. | Parthian war trajan 116.png| Carte de l'[[Royaume d'Arménie|Arménie]] et de la [[Mésopotamie (provincia romana)|Mésopotamie]] montrant les mouvements de troupes pour la fin de l'année [[116]]. | Parthian war trajan 117.png| Situation en [[117]], lorsque Trajan quitte le front.<br/> }}
===== La conquête de l’Arménie et de la Mésopotamie =====
Les seules sources antiques abordant ce conflit sont quelques résumés et explications de textes de [[Dion Cassius]] et des fragments de l’œuvre de l’historien [[Arrien]]. Les autres sources, pièces de monnaie et inscriptions, livrent des informations souvent incertaines.<ref groupname=k"Strobel348">K. Strobel, {{opcit}},cita|Strobel 2010,|p. {{pp.348 ss}}348 et suivantes.</ref>.
Trajan quitte Rome à l’automne [[113]] et parvient à [[Antioche]], en [[Syrie (provincia romana)|Syrie]], au printemps [[114]]. Le nouveau roi arménien [[Parthamasiris d'Arménie|Parthamasiris]], frère du roi déposé Axidarès, vient à la rencontre de Trajan et demande à l’empereur de le confirmer sur le trône d’Arménie.<ref group=s>M. Sartre, {{opcit}},cita|Sartre {{1997|pp.}} 38-39}}.</ref>. Mais Trajan refuse et annonce que l’Arménie devient [[provincia romana]] à la tête de laquelle il place un [[gouverneur romain]]<ref group=a>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre68.htm livre LXVIII, 20].</ref>{{,}}<ref group=s name=MS39>M. Sartre, {{opcit}},cita|Sartre {{1997|p. 39}}39.</ref>. Peu après le départ de Trajan, Parthamsiris est assassiné dans des circonstances mystérieuses. Trajan met à profit les mois qui suivent pour s’assurer le contrôle militaire de la nouvelle province, et y parvient à la fin de [[114]]. L'État d'[[Osroène]] fait acte de soumission à Rome et Trajan en profite pour soumettre des peuples du [[Caucase]], notamment les [[Aghbanie|Albaniens]], puis il envoie [[Lusius Quietus]] contre les [[Mardes]] à l'est du [[lac de Van]].<ref group=s name=MS39/>{{,}}<ref>Ernest Babelon, ''Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres'', 1911, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1911_num_55_5_72852 Artaxisata, {{p.}}370].</ref>{{,}}<ref groupname="Petit219">{{cita|Petit 1974|p. name=PP219219}}.</ref>. Pour la conquête de l’Arménie, Trajan se voit remettre par le [[Sénat de l'Empire romain|Sénat]] de nombreux honneurs parmi lesquels la remise officielle du titolo d’d<nowiki>'</nowiki>''{{lang|la|Optimus}}''<ref group=a>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre68.htm livre{{cita|Cassio Dione|LXVIII, 23]}}.</ref>.
Au printemps [[115]], Trajan se dirige vers le sud, quittant l’Arménie. Il prend les villes de [[Nisibe]] et de [[Suruç|Batnae]]. Avant la fin de l’année [[115]], la [[Mésopotamie (provincia romana)|Mésopotamie]] est déclarée [[provincia romana]].<ref group=m name=JPM238"Martin238">J.-P. Martin, {{opcit}},cita|Martin {{2006|p. 238}}238.</ref>. Trajan semble avoir remporté de nombreuses victoires durant cette période car il a été acclamé quatre fois ''[[imperator (titolo)|{{lang|la|imperator}}]]''. Il ne semble pourtant rencontrer quasiment aucune résistance dans cette première année de campagne. Il passe l’hiver [[115]]/[[116]] à [[Antioche]]<ref group=s name=MS39/> où le [[Séisme de 115 à Antioche|grave tremblement de terre de 115]] a failli lui coûter la vie. Les problèmes internes en Parthie ont semble-t-il empêché [[Khosrô Ier de Parthie|Chosroès]] d’organiser une résistance plus acharnée.<ref name="Petit219">{{cita|Petit 1974|p. 219}}.</ref><ref group=s name=MS39/>.
[[File:Trajan Sestertius 116 833039.jpg|thumb|left|upright|alt=pièce de monnaie ; d'un côté, un buste d'homme de profil ceint de laurier, entouré d'inscriptions ; de l'autre, un homme debout portant les lettres S et C, et trois hommes assis à ses pieds.|[[Sesterce]] vers [[116]]/[[117]] : ARMENIA ET MESOPOTAMIA IN POTESTATEM PR REDACTAE, Traianus debout, à ses pieds les figures assises de l'Arménie, de l'Euphrate et du Tigre.]]
En janvier [[116]], les troupes romaines s’emparent de [[Séleucie du Tigre|Séleucie]] puis de [[Ctésiphon]], capitale des Parthes.<ref group=m name=JPM238"Martin238"/>{{,}}<ref group=p name=PP219"Petit219"/>{{,}}<ref group=s name=MS39/>. Chosroès parvient à fuir mais une de ses filles est capturée et envoyée à Rome. Trajan pousse plus loin son expédition jusqu’au [[golfe Persique]].<ref group=m name=JPM238"Martin238"/>{{,}}<ref group=p name=PP219"Petit219"/>. L'État de [[Characène]], pourtant vassal des Parthes, accueille favorablement l’empereur romain auquel il se soumet<ref group=s name=MS39/>.
Le [[20 février]] [[116]], le titolo de ''{{lang|la|Parthicus}}'' s’ajoute à ceux de ''{{lang|la|Germanicus}}'' et de ''{{lang|la|Dacicus}}'' dans la titulature de Trajan.<ref group=m name=JPM238"Martin238"/>{{,}}<ref group=p name=PP219"Petit219"/>. Les pièces de monnaie célèbrent la conquête de l’Arménie et de la Mésopotamie et la défaite des Parthes avec la devise ''{{lang|la|Parthia capta}}''<ref group=i>Légende des pièces : ''PARTHIA CAPTA'', RIC Bd. 2, Trajan Nr. 324 u. 325</ref>{{,}}<ref group=i>D'autres légendes qui proclament la victoire sur les Parthes (''u.a. ARMENIA ET MESOPOTAMIA IN POTESTATEM P.R. REDACTAE'' avec l'épithète ''PARTHICO'') sur RIC 310, 642, 667 et 669, BMC III², Nr. 1045–1049.</ref>.
Sur le chemin du retour, dit-on, il s’arrête à [[Babylone]] où il visite la maison où est mort [[Alexandre le Grand]]<ref group=a>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre68.htm livre LXVIII, 30].</ref>.
===== L'extension maximale de l'Empire =====
En [[116]], Trajan atteint donc le [[golfe Persique]]. Aucun [[empereur romain]] n’a été aussi loin à l’est, et aucun n’a autant étendu l’Empire. Déjà, en [[106]], la [[Dacie romaine|Dacie]] et l’[[Arabie Pétrée]] l'avaient agrandi. Dans les années suivantes, l’Arménie et la Mésopotamie s'ajoutent à la liste des [[provincia romana|provinces]]. Trajan crée peut-être une autre province, l’[[Assyrie (provincia romana)|Assyrie]]. Son existence n’est attestée que dans les sources antiques, de sorte qu’elle est largement remise en question par les travaux de recherches modernes : certains l'identifient avec la Babylonie<ref>André Maricq, « La province d’Assyrie créée par Trajan. À propos de la guerre parthique de Trajan » dans Maricq, ''Classica et orientalia'', Paris, 1965, pp.103–111.</ref>, d'autres comme étant l'[[Osroène]]<ref>{{de}} Maria G. Angeli Bertinelli, « I Romani oltre l’Eufrate nel II secolo d. C. (le provincie di Assiria, di Mesopotamia e di Osroene) » dans ''Aufstieg und Niedergang der römischen Welt Bd. 9.1'', Berlin, 1976, pp.3–45.</ref> ou encore l'[[Adiabène]]<ref>{{en}} Frank A. Lepper, ''Trajan’s Parthian war'', Oxford, 1948, p.146.</ref>, et certains en nient simplement l'existence<ref>{{en}} Chris S. Lightfood, « Trajan’s Parthian War and the Fourth-Century Perspective » dans ''Journal of Roman Studies 80'', 1990, pp.115–126, ici pp.121–124.</ref>.
En [[116]], Trajan atteint donc le [[golfe Persique]]. Aucun [[empereur romain]] n’a été aussi loin à l’est, et aucun n’a autant étendu l’Empire. Déjà, en [[106]], la [[Dacie romaine|Dacie]] et l’[[Arabie Pétrée]] l'avaient agrandi. Dans les années suivantes, l’Arménie et la Mésopotamie s'ajoutent à la liste des [[provincia romana|provinces]]. Trajan crée peut-être une autre province, l’[[Assyrie (provincia romana)|Assyrie]]. Son existence n’est attestée que dans les sources antiques, de sorte qu’elle est largement remise en question par les travaux de recherches modernes : certains l'identifient avec la Babylonie<ref>André Maricq, « La province d’Assyrie créée par Trajan. À propos de la guerre parthique de Trajan » dans Maricq, ''Classica et orientalia'', Paris, 1965, {{pp.}}103–111.</ref>, d'autres comme étant l'[[Osroène]]<ref>{{de}} Maria G. Angeli Bertinelli, « I Romani oltre l’Eufrate nel II secolo d. C. (le provincie di Assiria, di Mesopotamia e di Osroene) » dans ''Aufstieg und Niedergang der römischen Welt Bd. 9.1'', Berlin, 1976, {{pp.}}3–45.</ref> ou encore l'[[Adiabène]]<ref>{{en}} Frank A. Lepper, ''Trajan’s Parthian war'', Oxford, 1948, {{p.}}146.</ref>, et certains en nient simplement l'existence<ref>{{en}} Chris S. Lightfood, « Trajan’s Parthian War and the Fourth-Century Perspective » dans ''Journal of Roman Studies 80'', 1990, {{pp.}}115–126, ici {{pp.}}121–124.</ref>.
[[File:Trajan RIC 325 - 650918.jpg|thumb|upright|right|alt=pièce de monnaie en or ; d'un côté, buste d'un homme de profil, ceint de laurier, entouré d'inscriptions ; de l'autre, armes au pied desquelles deux hommes assis se tournent le dos.|''[[Aureus]]'' de [[116]] qui célèbre la conquête de Mésopotamie : IMP CAES NER TRAIAN OPTIM AUG GER DAC PARTHICO, PM TRP COS VI PP SPQR et PARTHIA CAPTA.]]
Avec sa politique expansionniste, Trajan va à l'encontre des recommandations d'[[Auguste]] qui avait demandé que l’Empire soit laissé dans les frontières qu’il avait à sa mort (''{{Lang|la|consilium coercendi intra terminos imperii}}'')<ref group=a>[[Tacite]], ''Annales'', livre I, 11.</ref>, de peur que les nouvelles conquêtes ne déséquilibrent l’économie<ref group=n>{{de}} Michael Alexander Speidel, « Bellicosissimus Princeps » dans A. Nünnerich-Asmus, {{opcit}}, {{pp.}}23–40, ici {{p.}}29.</ref>.
Patrick Le Roux note que l'Empire {{citation|paraît avoir atteint son apogée conquérant, mais non sa plus grande extension,<ref group=r name=PR56"LeRoux56">P. {{cita|Le Roux, {{opcit}}, {{1998|p. 56}}56.</ref>}}, considérant sans doute que la [[Mésopotamie (provincia romana)|Mésopotamie]] et l'[[Royaume d'Arménie|Arménie]] ne sont que des occupations temporaires de l'armée romaine et non des annexions aux terres de l'Empire, même éphémères.
===== La grande révolte judéo-parthe =====
Alors que Trajan est encore sur les rives de l’[[Euphrate]], une révolte juive éclate en [[Mésopotamie (provincia romana)|Mésopotamie]], en [[Syrie (provincia romana)|Syrie]], à [[Chypre (provincia romana)|Chypre]], en [[Judée (provincia romana)|Judée]], en [[Période romaine de l'Égypte|Égypte]] et en [[Crète et Cyrénaïque|Cyrénaïque]] dès [[115]]. Le contexte et les objectifs de la rébellion sont méconnus.<ref name="Martin238"/><ref name="Petit220">{{cita|Petit 1974|p. 220}}. Cependant, l'empereur ne s'attendait pas à des troubles en Égypte et en Cyrénaïque, ayant pris avec lui la légion qui y stationne.<ref>{{cita|Sartre 1997|pp. 383-384}}.</ref>
Alors que Trajan est encore sur les rives de l’[[Euphrate]], une révolte juive éclate en [[Mésopotamie (provincia romana)|Mésopotamie]], en [[Syrie (provincia romana)|Syrie]], à [[Chypre (provincia romana)|Chypre]], en [[Judée (provincia romana)|Judée]], en [[Période romaine de l'Égypte|Égypte]] et en [[Crète et Cyrénaïque|Cyrénaïque]] dès [[115]]. Le contexte et les objectifs de la rébellion sont méconnus<ref group=m name=JPM238/><ref name="Petit220">{{cita|Petit 1974|p. 220}}.</ref><ref group=s>M. Sartre, {{opcit}}, {{pp.}}383-384.</ref>. Cependant, l'empereur ne s'attendait pas à des troubles en Égypte et en Cyrénaïque, ayant pris avec lui la légion qui y stationne<ref group=s name=MS384>M. Sartre, {{opcit}}, {{p.}}384.</ref>.
[[File:TRAIANUS RIC II 668-75001044.jpg|thumb|right|upright|alt=pièce de monnaie ; d'un côté, buste d'homme de profil ceint de laurier et entouré d'inscriptions ; de l'autre, un homme sur son trône, entouré de deux hommes, reçoit un suppliant à genoux devant lui.|[[Sesterce]] vers [[116]]/[[117]] : REX PARTHIS DATVS. Trajan assis sur une estrade et [[Parthamaspatès|Parthamaspatès de Parthie]] à genoux.]]
Une armée dirigée par un consulaire est battue, défaite qui entraîne la perte de nombreuses garnisons romaines. Par la suite, les Romains sont contraints d’évacuer le sud de la Mésopotamie. [[Parthamaspatès]], fils autoproclamé du roi parthe, qui suit les troupes romaines jusqu’à [[Ctésiphon]], établit un front contre les rebelles. En récompense, Trajan le couronne roi des Parthes à Ctésiphon avec le titolo de ''{{lang|la|Rex Parthiis Datus}}'' ({{citation|roi donné aux Parthes}}), renonçant par là même à son projet d’intégration complète de la Mésopotamie dans l’Empire. La population rejette ce roi vassal de Rome, mais Trajan ne dispose plus d’aucune troupe pour repousser une éventuelle contre-offensive des Parthes<ref>{{de}} Karl Christ, ''Geschichte der römischen Kaiserzeit. Von Augustus bis zu Konstantin'', 6. Auflage, Munich, 2009, {{p.}}312.</ref>{{,}}<ref group=p name=PP220/>, tous ses effectifs étant mobilisés par la rébellion juive. Parthamaspatès est renversé l’année suivante par [[Khosrô Ier de Parthie|Chosroès]] qui reprend son trône.
[[Lusius Quietus]] est chargé de réprimer l'insurrection dans le nord de la [[Mésopotamie (provincia romana)|Mésopotamie]], ce qu'il fait avec une dureté qui doit singulièrement marquer les esprits du temps pourtant accoutumés à la violence guerriere.<ref name=EC group=a>[[Eusèbe de Césarée]], ''Histoire ecclésiastique'', IV, II, 5.</ref><ref>{{cita|Petit 1974|pp. 169 e 220}}.</ref> Il dirige le massacre des Juifs et des Parthes de Babylone et il s'empare des importantes cités syriennes révoltées de [[Nisibe]] et d'[[ŞanlıurfaSanliurfa|Édesse]], capitale de l'État client traître d'[[Osroène]], qu'il fait raser jusqu'aux fondations<ref group=a>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre68.htm livre 68, 30].</ref>{{,}}<ref group=p name=PP220"Petit220"/> et dont il fait mettre à mort le roi, [[Abgar]] VII. De plus, il mène de brillantes actions à l'arrière-garde de l'armée, permettant ainsi aux légions de repasser l'[[Euphrate]] sans risque en [[116]].<ref name=als>{{en}} Article « [http://www.alsadiqin.org/en/index.php?title=Trajans%27_war_and_the_Exilarch%27s_rise_to_power_under_the_Parthians Trajans' war and the Exilarch's rise to power under the Parthians] » sur alsadiqin.org.</ref>{{,}}<ref group=p name=PP220"Petit220"/>.
[[Quintus Marcius Turbo]] est quant à lui chargé de reprendre le contrôle de l'[[Période romaine de l'Égypte|Égypte]] et de la [[Crète et Cyrénaïque|Cyrénaïque]]<ref name=LL149>Louis Leschi, ''Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres'', 1945, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1945_num_89_1_77831 La carrière de Q. Marcius Turbo, préfet du prétoire d'Hadrien, {{p.}}149].</ref>{{,}}<ref group=a name=EC/>{{,}}<ref group=a name=HA5>''[[Histoire Auguste]]'', [[:s:Vie d’Hadrien#V.|Vie d'Hadrien, 5]].</ref>{{,}}<ref name=ADS>André Dupont-Sommer, ''École pratique des hautes études. {{4e|section}}, Sciences historiques et philologiques'', 1972, [http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/ephe_0000-0001_1972_num_1_1_5719 Histoire ancienne de l'Orient, {{p.}}135].</ref>. De grandes révoltes des Juifs y ont éclaté et ont abouti à la mise à sac de villes et au massacre de citoyens romains, parmi lesquels un grand nombre de Grecs<ref group=s name=MS384/>. L'approvisionnement en céréales provenant de l'Égypte est menacé et les autorités locales sont dans l'incapacité de mater la rébellion<ref name=ADS/>. Turbo réduit la révolte juive et reprend le contrôle de l'Égypte, de la Cyrénaïque<ref name=LL149/>{{,}}<ref group=a name=EC/>{{,}}<ref group=a name=HA5/> et de Chypre, à la suite d'une longue répression qui fait couler le sang en abondance de part et d'autre<ref name=ADS/>{{,}}<ref group=s name=MS385>M. Sartre, {{opcit}},cita|Sartre {{1997|p. 385}}385.</ref>.
L'ensemble de ces révoltes juives de [[115]]-[[117]] est connu dans l'histoire sous le nom de [[guerre de Kitos]], ainsi nommée en référence à [[Lusius Quietus]]<ref name="als" />. Chypre est définitivement privée de toute présence juive,<ref group=m name=JPM238"Martin238"/>, tout comme certaines zones d'Égypte, mais il reste par exemple une forte communauté juive à [[Alexandrie]] après la répression<ref group=s name=MS385/>.
{{Article détaillé|Juifs de l'Égypte hellénistique et romaine#Le massacre des Juifs révoltés d'Égypte sous Trajan{{!}}Le massacre des Juifs révoltés d'Égypte sous Trajan|Guerre de Kitos}}
En plus de la révolte juive, plusieurs soulèvements apparaissent dans les provinces nouvellement conquises et, en [[Royaume d'Arménie|Arménie]] par exemple, Trajan doit céder temporairement des territoires pour pouvoir reposer ses troupes. Des soulèvements sont signalés jusqu’en [[Dacie romaine|Dacie]], à la suite du soulèvement provoqué par les attaques répétées des [[Sarmates]] [[Roxolans]] et [[Iazyges]] ainsi que des [[Daces]] libres.<ref name="Petit222">{{cita|Petit 1974|p. 222}}.</ref> Trajan y envoie quelques troupes avec à leur tête [[Caius Iulius Quadratus Bassus]] à l'été en [[117]] pour faire face au péril dace, en tant que [[légat de légion|légat]] de la ''[[Legio XIV Gemina|{{lang|la|legio XIIII Gemina}}]]''<ref>{{de}} Ioan Piso, ''An der Nordgrenze des Römischen Reiches : ausgewählte Studien (1972-2003)'', Stuttgart, Franz Steiner Verlag, 2005, {{p.}}205 et {{p.}}219.</ref>{{,}}<ref>{{de}} Ioan Piso, ''Fasti provinciae Daciae I, Die senatorischen Amtsträger'' (Antiquitas I, 43) Bonn, 1993, {{pp.}}23-29.</ref>.
Une fois que les troupes romaines semblent avoir la maîtrise de tous les théâtres d’opérations, Trajan reprend sa stratégie initiale. Il se déplace vers le nord et assiège la ville fortifiée d’[[Hatra]]. Malgré des efforts importants, le siège échoue en raison de conditions très défavorables aux assiégeants : climat désertique, problème de réapprovisionnement. De plus, la santé de Trajan décline et il est contraint de se retirer. Son état de santé continuant à se détériorer, il décide de rentrer à Rome. Ce retour précipité rend nécessaire l’organisation d’une seconde campagne en Orient. Le contrôle de la Mésopotamie est perdu.<ref group=p name=PP220"Petit220"/>{{,}}<ref group=s>M. Sartre, {{opcit}},cita|Sartre {{1997|p. 40}}40.</ref>.
Dans cette situation, Trajan n’a pas d’autre choix que de mettre [[Hadrien]] en avant et le nomme gouverneur de [[Syrie (provincia romana)|Syrie]] où les troupes engagées dans la [[Guerre parthique de Trajan|guerre contre les Parthes]] sont stationnées.<ref group=p name=PP220"Petit220"/>.
==== Son décès ====
Trajan décède à [[GazipaşaGazipasa|Selinus]], le [[8 août|8]] ou le [[9 août]] [[117]], sur le chemin de retour pour Rome, des suites d’une grave maladie. Considérablement affaibli par sa dernière campagne, un accident vasculaire cérébral le rend hémiplégique. Il succombe quelques jours plus tard des suites de graves complications respiratoires. Les symptômes de la maladie semblent correspondre à des conséquences du paludisme.
Il est dit qu’il a finalement [[Adoption en droit romain|adopté]] [[Hadrien]] sur son lit de mort.<ref group=a name=HA4>''[[Histoire{{cita|Historia Auguste]]Augusta|'',vita [[:s:Viedi d’Hadrien#IV.|Vie dAdriano''Hadrien, 4]]}}.</ref>. Les circonstances opaques de cette adoption ont entrainé de nombreuses spéculations et controverses. [[Dion Cassius]] prétend qu’Hadrien n’a jamais été adopté, mais qu’il s’agit d’une manœuvre de l’impératrice [[Plotine]] et du [[préfet du prétoire]] [[Publius Acilius Attianus]].<ref group=a>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre69.htm livre{{cita|Cassio Dione|LXIX], 1}}.</ref>{{,}}<ref group=d>F. Des Boscs-Plateaux, {{opcit}}, {{pp.}}218 et 305-307.</ref>. Les historiens modernes sont eux-mêmes divisés sur la réalité de cette adoption<ref>{{de}} Susanne Mortensen, ''Hadrian. Eine Deutungsgeschichte'', Bonn, 2004, {{pp.}}27–55.</ref>.
Le corps de Trajan est transféré sur ordre d’Hadrien à [[Séleucie de Piérie]] et incinéré. Ses cendres sont ensuite ramenées à Rome et placées dans la base de la [[colonne Trajane]], bien que les funérailles d’un empereur dans l’enceinte de la ville, à l’intérieur du ''{{lang|la|[[pomœrium]]}}'', soient inhabituelles : Trajan reste, jusqu’à l’[[antiquité tardive]], le seul empereur à être enterré dans les limites de la ville<ref group=g>G. Seelentag, {{opcit}}, 2004, {{p.}}394.</ref>.
Trajan devait être à Rome en janvier 118, pour participer aux cérémonies de ses 20 ans de règne en tant qu'Empereur Auguste : mais le sort en décidera autrement, et les fêtes et autres cérémonies furent annulées. Au départ, la colonne Trajane n'était pas destinée à recevoir les cendres de Trajan : après la décision de la plèbe et des sénateurs de transférer les cendres de Trajan sous la colonne, des travaux furent entrepris pour aménager une niche pour recevoir l'urne en or avec les cendres de l'empereur. La cérémonie d'inhumation eut lieu quelques mois plus tard, en présence d'Hadrien, le nouvel empereur, et de Plotine, la veuve de Trajan. Celle-ci sera inhumée avec son époux vers 127/128.
==== Hadrien, nouvel empereur ====
[[Hadrien]] reçoit la nouvelle de la mort de Trajan le 9 août en [[Syrie (provincia romana)|Syrie]]. Deux jours plus tard, il est acclamé [[empereur romain]] par les troupes de Syrie.<ref groupname="Petit169">{{cita|Petit 1974|p. name=PP169169}}.</ref>.
La passation de pouvoir ne s’effectue pas dans la plus grande sérénité et Hadrien se sent menacé, semble-t-il, par les ambitions de quatre anciens consuls. [[Publius Acilius Attianus]] s'attache à établir et consolider l'autorité d'Hadrien à Rome, en allant peut-être jusqu’à l’élimination physique de ses opposants<ref group=d>F. Des Boscs-Plateaux, {{opcit}}, {{pp.}}218 et 307.</ref>. Il recommande la mort du [[préfet de Rome]] et de plusieurs exilés<ref name=HA5 group=a/>, il est sans doute le commanditaire de l'assassinat de {{lang|la|Frugi Crassus}}, un banni qui a quitté son île d'exil sans autorisation<ref group=d name=BP218"Plateaux218">F. {{cita|Des Boscs-Plateaux, {{opcit}}, {{2006|p. 218}}218.</ref>{{,}}<ref name=HA5 group=a/> et peut-être de ceux d'[[Aulus Cornelius Palma Frontonianus|Aulus Cornelius Palma]] (consul en 99 et 109), [[Lucius Publilius Celsus]] (consul en 113), [[Caius Avidius Nigrinus]] (consul en [[110]] et gouverneur de la [[Dacie]]) et [[Lusius Quietus]] (l'un des principaux généraux de Trajan et gouverneur de [[Judée (provincia romana)|Judée]]),<ref>{{en}} Anthony R. cita|Birley, ''Hadrian'', Londinii 1997, {{|pp.}} 87-88.</ref><ref}}; group=a{{cita|Cassio name=DC70_2>[[Dion Cassius]], ''Histoire romaine'', [http://www.mediterranees.net/histoire_romaine/dion/Hadrien.html livre 70Dione|LXX, 2]}}.</ref><ref name="Petit169">{{cita|Petit 1974|p. 169}}.</ref> suspectés d'avoir attenté à la vie du nouvel empereur<ref group=a name=DC70_2/> ou d'aspirer au trône<ref name=HA4 group=a/>. Ces exécutions ont lieu sur ordre du [[Sénat de l'Empire romain|Sénat]].<ref name=HA4 group=a/>{{,}}<ref group=p name=PP169/>. Hadrien, alors en Syrie, nie avoir ordonné les exécutions de ces quatre sénateurs influents du règne précédent.<ref name=HA4 group=a/>{{,}}<ref group=p name=PP169"Petit16)"/><ref>{{cita|Cassio Dione|LXX, 2}}.</ref group=a name=DC70_2/>.
De retour à Rome, il organise le [[triomphe romain|triomphe]] posthume de son prédécesseur<ref name=HA6 group=a>''[[Histoire Auguste]]'', [[:s:Vie d’Hadrien#VI.|Vie d'Hadrien, 6]].</ref>. Le [[Sénat de l'Empire romain|Sénat]] décide la [[divinisation]] de Trajan<ref name=HA6 group=a/>, son nom officiel devient : ''{{lang|la|Divus Traianus Parthicus}}''. Il est le premier empereur auquel on ajoute le titolo de {{citation|divin}} dans la titulature<ref name=MK/>.
==== Changement de politique ====
À la mort de Trajan, la [[Royaume d'Arménie|Grande-Arménie]] est de nouveau sous contrôle romain, hormis la partie cédée par l’empereur. En [[Mésopotamie (provincia romana)|Mésopotamie]], [[Lusius Quietus]] a repris la situation en main : il maîtrise les points-clés et isole la résistance en petites poches. Cependant, au sud, le roi vassal [[Parthamaspatès]] n’a pu se maintenir sur le trône sans le soutien des troupes romaines. Les derniers soulèvements des Juifs d’Orient sont réprimés par [[Quintus Marcius Turbo]] en Égypte et par le général maure Quietus en Judée avant son rappel et sa mise à mort. Turbo mène campagne contre un soulèvement en [[Maurétanie]] qui fait suite à cette exécution<ref group=a name=HA5/>{{,}}<ref name=LL150>Louis Leschi, ''Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres'', 1945, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1945_num_89_1_77831 La carrière de Q. Marcius Turbo, préfet du prétoire d'Hadrien], p.150.</ref>, puis combat le soulèvement de la Dacie et reprend le contrôle de la province<ref>Louis Leschi, ''Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres'', 1945, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1945_num_89_1_77831 La carrière de Q. Marcius Turbo, préfet du prétoire d'Hadrien], pp.150 et 154.</ref>{{,}}<ref name=HA7 group=a>''[[Histoire Auguste]]'', [[:s:Vie d’Hadrien#VII.|Vie d'Hadrien, 7]].</ref> après la mort sur place de [[Caius Iulius Quadratus Bassus]], envoyé par Trajan.
À la mort de Trajan, la [[Royaume d'Arménie|Grande-Arménie]] est de nouveau sous contrôle romain, hormis la partie cédée par l’empereur. En [[Mésopotamie (provincia romana)|Mésopotamie]], [[Lusius Quietus]] a repris la situation en main : il maîtrise les points-clés et isole la résistance en petites poches. Cependant, au sud, le roi vassal [[Parthamaspatès]] n’a pu se maintenir sur le trône sans le soutien des troupes romaines. Les derniers soulèvements des Juifs d’Orient sont réprimés par [[Quintus Marcius Turbo]] en Égypte et par le général maure Quietus en Judée avant son rappel et sa mise à mort. Turbo mène campagne contre un soulèvement en [[Maurétanie]] qui fait suite à cette exécution<ref group=a name=HA5/>{{,}}<ref name=LL150>Louis Leschi, ''Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres'', 1945, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1945_num_89_1_77831 La carrière de Q. Marcius Turbo, préfet du prétoire d'Hadrien], {{p.}}150.</ref>, puis combat le soulèvement de la Dacie et reprend le contrôle de la province<ref>Louis Leschi, ''Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres'', 1945, [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1945_num_89_1_77831 La carrière de Q. Marcius Turbo, préfet du prétoire d'Hadrien], {{pp.}}150 et 154.</ref>{{,}}<ref name=HA7 group=a>''[[Histoire Auguste]]'', [[:s:Vie d’Hadrien#VII.|Vie d'Hadrien, 7]].</ref> après la mort sur place de [[Caius Iulius Quadratus Bassus]], envoyé par Trajan.
[[File:Roman Empire 125.png|thumb|Carte de l'[[Empire romain]] en [[125]], avec le déploiement des légions décidé par [[Hadrien]].]]
Au début de son règne, Hadrien ne poursuit pas la politique expansionniste de Trajan et renonce à tous les territoires nouvellement conquis entre le [[Tigre]] et l’[[Euphrate]]. Il préfère chercher à stabiliser la situation dans l’Empire et à propager la ''{{lang|la|[[Pax Romana]]}}'' dans la zone comprise entre la [[Bretagne (provincia romana)|Bretagne]], où des troubles éclatent, et la [[Syrie (provincia romana)|Syrie]], entre les [[Balkans]] et l’[[Afrique du Nord]]. Hadrien préfère la sécurité armée des frontières de l'Empire aux grandes campagnes militaires onéreuses.<ref name="Petit170">{{cita|Petit 1974|p. 170}}.</ref> Il fait la paix avec les [[Parthes]] et la frontière entre les deux empires retrouve son tracé de [[113]]. On ignore si cette décision marque un changement radical de politique par rapport à son prédécesseur ou bien si Trajan avait, peu avant sa mort, émis le souhait qu’une paix de compromis soit conclue avec les Parthes pour ne garder que les conquêtes récentes<ref>{{de}} Maria G. Angeli Bertinelli, « I Romani oltre l’Eufrate nel II secolo d. C. (le provincie di Assiria, di Mesopotamia e di Osroene) » dans ''Aufstieg und Niedergang der römischen Welt Bd. 9.1'', Berlin, 1976, {{p.}}22.</ref>. La [[Dacie romaine|province de Dacie]] est quant à elle définitivement abandonnée en [[271]], quand l’empereur [[Aurélien (empereur romain)|Aurélien]] ordonne l’évacuation et le retrait des troupes romaines au sud du Danube.
Hadrien réoriente également la politique intérieure. Contrairement à son prédécesseur, ce n'est pas l’Italie qui se trouve au cœur de ses attentions, mais les provinces. Ses nombreux voyages lui donnent une connaissance plus large des problèmes locaux des provinciaux.<ref>{{de}} Susanne Mortensen, ''Hadrian. Eine Deutungsgeschichte'', Habelt, Bonn, 2004, {{p.}}179.</ref>{{,}}<ref groupname="Petit171">{{cita|Petit 1974|p. name=PP171171}}.</ref>. Cette politique se reflète dans les sujets figurant sur les pièces de monnaie, où les provinces apparaissent maintenant autant que l’Italie<ref>{{de}} Susanne Mortensen, ''Hadrian. Eine Deutungsgeschichte'', Habelt, Bonn, 2004, {{p.}}73 et 190.</ref>{{,}}<ref>{{de}} Karl Christ, ''Geschichte der römischen Kaiserzeit'', Munich, 2002, {{p.}}320.</ref>.
À l'instar de ses deux prédécesseurs, il respecte le Sénat, mais sa politique plus novatrice créé des dissensions avec les sénateurs. Hadrien gouverne en {{citation|autocrate éclairé, parfois dogmatique en ses paroles et provocant en ses réalisations}}, alors que Trajan a régné en pragmatique traditionaliste.<ref name="Petit170"/> Après les grandes dépenses du règne précédent, la politique financière d'Hadrien est beaucoup plus stricte que celle de son prédécesseur.<ref name="Petit171">{{cita|Petit 1974|p. 171}}.</ref>
=== Bibliographie ===
* {{de}} {{Cita libro|id=KS2|autore=Karl Strobel|titolo=Untersuchungen zu den Dakerkriegen Trajans. Studien zur Geschichte des mittleren und unteren Donauraumes in der Hohen Kaiserzeit|editore=Habelt|città=Bonn|anno=1984|isbn=978-3-774-92021-7}}
* {{Cita libro|id=ASS|autore=Alexandre Simon Stefan|titolo=Les guerres daciques de Domiziano et de Trajan : architecture militaire, topographie, images et histoire|editore=Ecole Française de Rome|anno=2005|pages=811|isbn=978-2-728-30638-1}}
* {{Cita libro|id=GD|autore=Georges Depeyrot|titolo=Légions romaines en campagne : La colonne Trajane|editore=Errance|anno=2008|pages=247|isbn=978-2-877-72378-7}}
* {{Cita libro|id=JG|autore=Julien Guey|titolo=Essai sur la guerre parthique de Trajan|editore=Imprimerie nationale|collection=Bibliothèque d'Istros|città=Bucarest|anno=1937|pages=160|isbn=978-2-877-72378-7}}
* {{Cita libro|id=EC|autore=[[Eugen Cizek]]|titolo=L'Époque de Trajan : circonstances politiques et problèmes idéologiques|editore=Les Belles Lettres|città=Paris|anno=1983|pages totales=566|isbn=978-2-251-32852-2}}
* {{Cita libro|id=MSFJ|autore=François Jacques et [[MauriceJohn SartreScheid]]|titolo=LeRome Haut-Empireet romain, les provincesl'intégration de Méditerranée orientale dl'Auguste aux SévèresEmpire|editoretome=Seuil1|collectiontitolo volume=NouvelleLes Histoirestructure de l'AntiquitéEmpire romain|cittàeditore=ParisPUF|collection=Nouvelle Clio|anno=19972010|pages totalestotale=495480|isbnISBN=978-2-020130-2815358247-92}}
* {{Cita libro|id=FJCL|autore=[[FrançoisClaude Jacques]]Lepelley et [[John Scheid]](dir.)|titolo=Rome et l'intégration de l'Empire|tome=12|titolo volume=LesApproche structurerégionales dedu l'Haut-Empire romain|editore=PUF|collection=Nouvelle Clio|anno=20101998|pages totale=480640|ISBN=978-2-130-5824748711-21}}
* {{Cita libro|id=CL|autore=[[Claude Lepelley]] (dir.)|titolo=Rome et l'intégration de l'Empire|tome=2|titolo volume=Approche régionales du Haut-Empire|editore=PUF|collection=Nouvelle Clio|anno=1998|pages totale=640|ISBN=978-2-130-48711-1}}
* {{Cita libro|id=JPM|autore=Jean-Pierre Martin {{et al.}}|titolo=Histoire romaine|titolo chapitre=Le Haut-Empire|editore=Armand Colin|collection=U Histoire|città=Paris|anno=2006|pages totales=471|isbn=978-2-200-26587-8}}
==== Biographie romancée ====
* {{Cita libro|id=AV|autore=André Varenne|titolo= Toi, Trajan - Treize entretiens avec un empereur païen au Paradis|editore=L'Harmattan |anno=2000|pages totales=346|isbn=978-2-738-48958-6}}
==== Sources antiques ====
* [[DionDione de PruseCrisostomo]] (v.30 - v.116), ''Quatre discours sur la royauté'' {{lire en ligne|lien=http://penelope.uchicago.edu/Thayer/E/Roman/Texts/Dio_Chrysostom/home.html|langue=en}}.
* [[JuvénalGiovenale]] (45/65 - ap.128), ''[[Satires (Juvénal)|Satires]]'' {{lire en ligne|lien=http://www.mediterranees.net/litterature/juvenal/}}.
== Note ==
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